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L’Abattoir Rousseau, de Lingwick, n’est plus qu’un amas de tôle tordue. Le feu qui a rasé l’établissement le 14 novembre ébranle les éleveurs de l’Estrie et démontre la fragilité du réseau des abattoirs régionaux au Québec.
« Ce n’est pas croyable, l’impact que cet abattoir avait dans la région », témoigne Marie-Antoine Roy, producteur d’agneaux de Cookshire-Eaton. Cet abattoir multiespèce, ajoute-t-il, offrait non seulement la découpe, mais aussi la livraison chez les clients de Montréal. On pouvait même y faire l’abattage halal.
« On avait la chance d’avoir un abattoir de proximité, mentionne-t-il. L’Abattoir Rousseau traitait toutes les espèces : l’agneau, le bœuf, le cerf rouge, le chevreuil en automne et même le porc. Essayez donc de faire abattre deux porcs biologiques pour voir! »
Les appels faits par La Terre aux propriétaires d’abattoirs dans la région lui donnent raison. « Tout le monde est booké par-dessus la tête », lance Gilles Bergeron, de l’Abattoir régional de Coaticook. Son entreprise, dit-il, abat deux jours et demi par semaine et ne dispose pas de la capacité de réfrigération ni du personnel pour en faire plus. Cette année plus que d’habitude, ses installations fonctionnent à plein régime. « Le lendemain de l’incendie [de l’Abattoir Rousseau], le téléphone n’a pas dérougi », rapporte Gilles Bergeron. Il croit que les éleveurs estriens n’auront d’autre choix que de s’éloigner jusqu’en Montérégie.
Même son de cloche à l’Abattoir Patrice Desmarais, de Weedon, qui confie qu’il ne peut faire davantage pour les éleveurs à la suite de l’incendie de l’Abattoir Rousseau.
« Ce n’était pas le bon moment pour passer au feu, ajoute François Bourassa. Selon le MAPAQ, il n’y a pas de problème et il y a suffisamment de structures [d’abattage]. J’ai fait le test et j’ai tenté de faire abattre une vache. On m’a dit qu’on allait me recevoir le 28 ou le 29 janvier! »
Projet pilote
Marie-Antoine Roy mentionne que l’Abattoir Rousseau cadrait parfaitement avec la volonté de développer les marchés de proximité au Québec. Depuis deux ans déjà, les différents intervenants du secteur agroalimentaire travaillent d’ailleurs à mettre en place un projet-pilote destiné à améliorer les structures d’abattage pour la vente en circuits courts.
François Bourassa, président de la Fédération de l’UPA-Estrie, révèle que l’idée a été soumise à l’invitation de l’ex-ministre de l’Agriculture. Le projet, dit-il, se heurte malheureusement au zèle des fonctionnaires.
« Ils acceptent une exigence et ils en remettent deux autres », peste François Bourassa. Celui-ci fait maintenant valoir l’urgence d’agir, pressant le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) de déléguer un inspecteur à temps plein dans un autre abattoir de proximité, le temps de permettre de désengorger le réseau. L’automne constitue de loin la saison la plus occupée pour les abattoirs. « Même si ce n’est pas la bonne couleur sur les murs, ça ne fera mourir personne », prétend-il.
Le MAPAQ n’avait pas répliqué à ces informations au moment de mettre sous presse.
Trois types de permis d’abattage Abattoirs de proximité (29 détenteurs de permis) Abattoirs provinciaux (24) Abattoirs fédéraux (31) Note : Certains établissements détiennent aussi un permis provincial d’atelier de préparation, de conditionnement, de transformation pour fins de vente en gros de viandes ou d’aliments carnés. Communément appelés C1, ces permis n’autorisent pas l’abattage. |
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