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Depuis quelques années, les producteurs acéricoles peinent à trouver de la main-d’œuvre qualifiée. Deux d’entre eux confirment que la situation est en voie de devenir urgente.
«Le problème est généralisé à la grandeur de la province », affirme Raymond Nadeau, conseiller acéricole au sein du Club de qualité acéricole de Beauce-Appalaches.
M. Nadeau travaille auprès d’une centaine d’acériculteurs et se rend régulièrement dans les cabanes d’une soixantaine d’entre eux. « Sur place, on voit bien qu’on a de la misère à avoir une personne pour s’occuper de 10 000 entailles. Souvent, c’est le producteur qui doit s’en charger. Et le prix à payer, c’est la baisse de rendement. Le colmatage de fuites représente le principal enjeu qui a un impact sur la productivité, et c’est justement pour effectuer ce travail qu’on manque de main-d’œuvre », estime-t-il.
Quel est le problème?
S’il est laborieux, voire impossible de cerner toutes les raisons qui rendent le recrutement difficile, Raymond Nadeau cible rapidement certaines d’entre elles.
« Il n’y a tout simplement pas de disponibilité. Quant aux travailleurs des entreprises agricoles, ils n’ont pas l’expertise acéricole.
De plus, le timing n’est pas bon pour eux. Ça prendrait plus d’employés en acériculture, mais le problème réel, c’est l’organisation du travail. Le producteur de la plus grosse entreprise de chaque village est en mesure d’occuper son personnel à temps plein durant le temps des sucres. Ce sont les propriétaires d’érablières de taille moyenne qui gagneraient à se regrouper pour offrir un horaire normal à leur main-d’œuvre, un peu comme ça s’est déjà fait dans le lait », expose M. Nadeau. Selon lui, pour effectuer un bon entretien et s’occuper des fuites, une personne pour 5 000 entailles est un ratio appréciable.
« Pour être performante, cette main-d’œuvre devrait être disponible au moins cinq semaines par année. À l’entaillage et durant les deux premières semaines des sucres, la présence d’employés est très importante. C’est là que ça compte le plus. Malheureusement, certains producteurs ont tendance à minimiser l’impact financier créé par le manque d’investissement dans la main-d’œuvre », mentionne Raymond Nadeau.
Partout pareil
Dans l’est du Québec, Bruno Bonesso, qui doit s’occuper d’environ 75 000 entailles, affirme que le problème de recrutement devient majeur.
« C’est particulièrement le cas cette année, mais ça a commencé l’an dernier où j’ai même dû écourter un peu ma saison en raison du manque de personnel. Et c’est pareil pour mes voisins producteurs. Le gros problème, c’est le vieillissement de la population et l’absence de relève », estime celui qui est également maire d’Auclair, une petite municipalité située sur le versant sud du fleuve Saint-Laurent, à 315 km au nord-est de Québec, tout près de la frontière du Nouveau-Brunswick.
Bruno Bonesso ne croit pas que le salaire proposé soit l’une des raisons qui rendent le recrutement difficile.
« De nos jours, les taux horaires sont intéressants. Ça joue souvent entre 17 $ et 20 $ l’heure. Ce n’est pas ça qui freine les candidats puisque les gens qui travaillent dans les usines de la région ne gagnent pas plus que ça. Les employés n’ont rien à fournir et, lorsque c’est possible de le faire, on les accommode pour leur transport », fait valoir le producteur.
Selon lui, le fait que la jeune génération soit très attirée par les nouvelles technologies n’aide pas la cause des -acériculteurs.
« On le voit bien que les jeunes préfèrent les ordinateurs et tout ce qui s’y rattache. Ils cherchent aussi à se spécialiser dans des domaines particuliers. Au cours des dernières années, on a vu beaucoup d’entre eux quitter leur région natale pour aller étudier à l’extérieur et ne pas y revenir parce qu’ils avaient trouvé un emploi dans leur ville d’adoption », note le producteur de 60 ans.
Travailleurs étrangers
Pour toutes les raisons évoquées, M. Bonesso affirme que des producteurs acéricoles commencent à songer sérieusement à l’embauche de travailleurs étrangers temporaires.
« On pense aussi à trouver des endroits pour être en mesure de recevoir la famille de ces travailleurs-là », mentionne-t-il.
Quant aux tentatives de recrutement dans les grands centres urbains, Bruno Bonesso estime qu’il est très difficile de sortir les gens de la ville. Et selon lui, ce ne sont pourtant pas les arguments qui manquent.
« En région, on ne pense pas tout à fait de la même façon que les habitants des grandes villes. On ne veut pas travailler jour et nuit. On veut avoir le temps d’aller à la chasse et à la pêche. On a moins de services, mais on a cette qualité de vie en retour. C’est ça qu’on essaie de faire comprendre au monde », explique le producteur.
Chose certaine, qu’elle provienne des grandes villes, des régions ou de l’étranger, la main-d’œuvre est énormément sollicitée dans le domaine acéricole.
Cet article est tiré du magazine Forêts de chez nous de novembre 2017.