Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
LES ÉBOULEMENTS — Lucie Cadieux et Vital Gagnon, propriétaires de la Ferme Éboulmontaise, sont acculés au pied du mur. En raison d’un défaut de paiement, Financement agricole Canada, le créancier principal de l’entreprise, a obtenu un jugement de la Cour supérieure lui permettant de prendre possession des immeubles et du cheptel mis en garantie. Le montant de la dette atteint 560 000 $.
Les propriétaires de la ferme, un fleuron de l’agriculture de niche au Québec, sont bien connus du milieu. Grâce à eux, l’Agneau de Charlevoix a été désigné première indication géographique protégée en Amérique du Nord, ce qui relève du parcours du combattant. « La bataille que nous avons menée pour l’Agneau de Charlevoix nous aura coûté beaucoup de temps et d’énergie. Nous sommes heureux que tout ce travail ait finalement donné un résultat, mais pour nous, ça aura été un peu trop tard », explique Lucie Cadieux, qui a vécu son lot d’aléas dans les dernières années.
Des ennuis de santé pour M. Gagnon, une pneumonie atypique dans le troupeau, d’importants bris aux bâtiments causés par des intempéries sans précédent… « À un moment donné, ça s’accumule et tu ne peux plus en prendre », résume Lucie Cadieux, sereine malgré tout devant la situation.
Si elle a tout donné pour que l’Agneau de Charlevoix soit reconnu, elle se dit maintenant rendue ailleurs dans sa vie professionnelle. La productrice séjourne présentement en Haïti pour remplir un mandat que lui a confié UPA Développement international. L’enseignement la passionne et lui permet de passer à autre chose.
Une suite possible
Au moment où ces lignes étaient écrites, la fille de Vital Gagnon et Lucie Cadieux, Gabrielle, mettait tout en œuvre pour racheter l’entreprise familiale avec deux jeunes partenaires d’affaires motivés. La demande pour l’Agneau de Charlevoix permet au plan d’affaires du trio de tenir la route.
« On aimerait produire 550 bêtes par an, se doter d’un permis C1 pour mettre l’agneau en marché à plus grande échelle, diversifier notre production et faire de la transformation tant dans le chaud que le froid en travaillant avec Annie Bérubé et Donald Tremblay, de l’entreprise Le véritable agneau. On sait que c’est viable », lance-t-elle, déterminée, mais inquiète. Confrontée aux dédales administratifs, elle a cependant l’impression de faire du surplace. Les services d’accompagnement font cruellement défaut à cette étape-ci, dénonce-t-elle. Gabrielle Cadieux-Gagnon ne sait que trop bien ce que cela implique si son plan ne fonctionne pas, mais elle refuse de baisser les bras.
Lucie Cadieux souhaite que sa fille atteigne son but, si les conditions gagnantes sont réunies. Dans le cas contraire, elle ne voit pas la fin de la ferme comme un échec. « On a accompli beaucoup de choses qui ont fait bouger l’agriculture au Québec. Vital et moi ne sommes pas les premiers à “tirer la plogue”, ni les derniers : la situation agricole est difficile. Je lève mon chapeau à tous les producteurs qui travaillent comme des forcenés et qui s’accrochent. Il ne faut pas lâcher, mais des fois, il faut lâcher prise. Voilà comment je me sens », conclut Mme Cadieux.