Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Un surplus de tomates à l’échelle nord-américaine bouleverse ces temps-ci le marché québécois. Des petits joueurs se font tasser des tablettes par des plus gros et les prix sont en forte baisse. Une concurrence difficile à contrer en cette fin de saison.
« Ça fait trois ans qu’on fournit des épiceries d’une chaîne d’alimentation en leur donnant un excellent service et bang! on reçoit un courriel d’un dirigeant disant qu’il ne prendra plus nos tomates et que la décision est effective immédiatement. On se retrouve avec des centaines de caisses sur les bras. Ça fait mal », mentionne Patricia Legault, copropriétaire de la Ferme Pleine Terre, à Saint-Joseph-de-Beauce.
Pour essayer de libérer sa chambre froide « pleine à craquer », la productrice de légumes en serre certifiés biologiques a ouvert un kiosque à Québec. Mais vendre à l’unité est nettement insuffisant. En conséquence, plus de 700 caisses ont jusqu’à maintenant pris le chemin d’une banque alimentaire.
« On avait fait nos choix de semis pour répondre spécifiquement aux besoins de la chaîne. Nos plants produisent comme jamais, et on nous laisse tomber trois mois avant la fin de la saison. Elle est où, la poignée de main là-dedans? Avec 5 000 $ de pertes par semaine, on fait comment pour payer nos comptes? » s’inquiète celle qui récolte 250 000 livres de tomates annuellement.
Le distributeur J.B. Laverdure constate que les surplus actuels de tomates sur le marché amènent de gros joueurs à conclure des transactions directes et à rabais avec les détaillants. « C’est un petit marché. […] Quand il y a des tomates de trop et qu’un producteur réduit les prix, on perd des ventes. Certains petits agriculteurs sont trop pénalisés; ils vont arrêter », commente Miguel Branco, directeur des produits biologiques.
L’effet domino
La chaîne de supermarchés Avril a confirmé à La Terre avoir cessé d’acheter ses tomates chez certains producteurs locaux, pour plutôt signer une entente avec le géant Savoura. La responsable du marketing Hélène Normandin souligne que le lien avec ces producteurs était très bon. La chaîne préfère cependant s’approvisionner chez un agriculteur capable d’approvisionner les sept magasins. « Le prix aussi entre en ligne de compte », spécifie-t-elle.
Le consultant indépendant Sébastien Brossard refuse d’accuser les gros producteurs québécois pour cette compétition accrue. Ce serait plutôt un problème nord-américain, croit-il. « Il y a présentement une baisse marquée de la demande de tomates dans le nord-est de l’Amérique du Nord », constate-t-il. Il ajoute que des camions de l’Ontario livrent sur le marché québécois des tomates de serre à seulement 0,45 $ la livre.
André Michaud, porte-parole de Savoura, et Stéphane Lemieux, des Serres Royales, vont même plus loin et affirment que de pleines cargaisons sont livrées de l’extérieur du Québec sans prix préétabli. Le détaillant n’a qu’à payer le montant qu’il veut. M. Lemieux ajoute aussi que l’on trouve actuellement des tomates du Mexique sur les tablettes d’ici, ce qui explique pourquoi « tout le monde est pris avec ses stocks ». Il estime cependant que la situation rentrera dans l’ordre dans quelques semaines.