Environnement 25 octobre 2017

Pourquoi bouder la récupération des feuilles mortes à la ferme?

SAINT-BONIFACE — Cela fait presque 10 ans que la récupération et la valorisation des feuilles mortes sont réalisées chaque année dans des fermes en Mauricie et pourtant, l’initiative n’a pas été reprise dans d’autres régions.

« Si je suis déçu? Je vous dirais que ça s’ajoute à la liste des choses que j’ai de la difficulté à m’expliquer », indique Jean Matteau, producteur laitier de Saint-Boniface en Mauricie et instigateur du projet pilote en 2008.

Cette année encore, il recevra des tonnes de feuilles mortes et d’autres résidus verts qu’il mélangera au fumier pour enrichir ses terres. L’an dernier, il a récupéré 60 conteneurs de ces résidus à valoriser qui provenaient des citoyens et des municipalités des environs.

Une vingtaine d’autres agriculteurs de la région font de même, principalement durant les mois d’octobre et de novembre. « L’an passé, nos producteurs participants ont contribué à la récupération de 210 camions de 10 roues et 90 tonnes de résidus », résume Hugues Désilets, conseiller et responsable du dossier à la Fédération de l’UPA de la Mauricie.

Il mentionne également que pareille initiative s’inscrit parfaitement dans le plan d’action qui vient d’être lancé par la Table de concertation régionale en agroenvironnement. La Fédération avait d’ailleurs soumis cette initiative au concours Les Phénix de l’environnement en 2012. À l’époque, jusqu’à 40 fermes de la région participaient au projet et avaient récupéré et valorisé une quantité de résidus verts estimée à 800 tonnes métriques.

Valoriser

Que cette pratique n’ait pas été reprise ailleurs au Québec soulève la surprise générale, même à la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie, responsable du lieu d’enfouissement des déchets, à Saint-Étienne-des-Grès.

« Pour nous, ça reste une très belle initiative, indique Sylvie Gamache, porte-parole de la Régie. C’est autant de résidus qui ne sont pas envoyés dans les sites de compostage à l’extérieur de la région. »

Pourtant, cette pratique a failli être abandonnée il y a quelques années. M. Matteau se souvient que le ministère de l’Environnement avait souhaité « encadrer » l’utilisation des résidus au champ. « Ce sont des vieilles feuilles qu’on met dans les champs; il n’y a rien de plus, précise-t-il. Lorsque les fonctionnaires ont débarqué, je leur ai dit que j’abandonnerais l’idée si ça devenait trop compliqué. Ils ont décidé de faire preuve de tolérance. »

La mise en place des centres régionaux de compostage d’ici 2020 va-t-elle changer les choses? « Pour nous, c’est clair que nous allons continuer à travailler avec les producteurs », assure Mme Gamache. Jean Matteau, lui, déplore qu’on implante une structure et des procédures qui risquent de compliquer une pratique qui se voulait toute simple au départ.