Vie rurale 9 septembre 2014

Combattre le syndrome de l’imposteur

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Les nouveaux producteurs Nathalie Rainville et son conjoint Jean-François Poirier sont à l’étape des essais et des erreurs…

Il est de plus en plus courant de voir des producteurs agricoles tenter l’aventure de la transformation dans le but d’obtenir une valeur ajoutée à leurs productions. Mais un transformateur qui devient agriculteur est toutefois plus rarissime, surtout que cette voie n’est pas toujours très lucrative. C’est pourtant ce chemin qu’ont choisi, Nathalie Rainville et son conjoint Jean-François Poirier, propriétaires de Cuisine Poirier.

Ils ont fait le choix d’acquérir une ferme à Saint-Jean-de-Matha en 2009 pour plusieurs raisons. Pour l’amour de la campagne et l’agriculture bien sûr. « J’ai toujours eu un très grand jardin et Jean-François adore la forêt. De tout temps, j’ai fait mes conserves et cueilli des framboises. Cela fait partie de nous. » Parce qu’aussi le métier de transformateur peut parfois être bien loin du regard des consommateurs. « Cela fait douze ans que nous avons acheté l’entreprise au père à Jean-François. Je sais que les gens aiment ce que nous mettons sur les tablettes parce que je reçois les chiffres de vente et que cela va très bien. Nous faisons affaire avec 350 marchés d’alimentation, mais nos relations se font toutefois principalement avec les gérants. Ils sont super gentils, mais nous avions aussi envie d’une relation plus directe avec le client », mentionne Mme Rainville.

Un commerce à la ferme où on retrouvera divers produits sera bientôt ouvert pour réaliser ce souhait. Le désir de transformer leurs propres productions a aussi penché dans la balance, mais encore là, le couple a soigneusement choisi ce qui allait pousser sur leur terre. Pas question de planter n’importe uniquement pour le plaisir. « Nous sommes déjà bien implantés dans le domaine agroalimentaire et on sait qu’il fallait faire quelque chose qui allait se vendre et possédant une longue durée de vie. C’est le réflexe du transformateur », mentionne M. Poirier. Le couple a choisi une ferme en fonction d’y faire pousser du canola, pour le transformer en huile. Un endroit où se trouvait une érablière et où il était possible d’y planter un verger. « On ramassait des pommes pour des amis, on a tripé à faire cela. Nous avons opté pour cette voie parce que cela peut devenir rentable en transformant les pommes en jus. »

Apprendre à devenir agriculteur

Si leurs forces sont de mettre en marché, distribuer et élaborer des produits, le couple n’était pas très expérimenté en matière de culture. « Tout s’apprend, il faut juste aller chercher les réponses dans les guides de production et auprès des vieux de la vieille. » Ils avouent que non, ils ne trouvent pas cela évident ni facile financièrement. « On ne fournit pas, on a le sentiment d’imposteur. On ne dira pas que nous sommes producteurs agricoles tout de suite, il est encore trop tôt et nous avons tellement à apprendre. Nous sommes à l’étape des essais et erreurs. » Financièrement, sans Cuisine Poirier, ils n’auraient pas pu acquérir la ferme. Malgré tout, lancer la serviette n’est pas du tout dans leurs plans. « C’est un gros défi et nous sommes motivés. »