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Ces dernières années, l’engouement des citadins pour l’agriculture urbaine est indéniable, mais oubliez l’image des fermes communautaires non rentables. Plusieurs citadins flairent l’opportunité et développent des fermes urbaines résolument commerciales.
À Laval, par exemple, La Boîte Maraîchère produit des légumes-feuilles et des fines herbes à l’année avec un rendement à l’acre 145 fois plus important que celui d’une ferme conventionnelle, grâce à son système hydroponique vertical. L’année 2017 marquera probablement les esprits en raison du véritable essor de ces fermes commerciales dans le paysage agricole québécois, même si elles ne font que complémenter l’agriculture traditionnelle.
Filiale commerciale urbaine
« On sent que l’agriculture urbaine est vraiment en ébullition », mentionne Éric Duchemin, chercheur de l’Université du Québec à Montréal. Les Fermes Lufa, par exemple, dont le président provient du domaine immobilier, possèdent une structure différente de celle des grandes fermes conventionnelles. Elles comptent un spécialiste du financement et de la capitalisation, un directeur des finances, un responsable de l’expérience client, etc. Cette entreprise livre aujourd’hui 10 000 paniers d’aliments par semaine à des points de cueillette situés dans la grande région de Montréal, de Trois-Rivières et de Québec.
Quant à La Boîte Maraîchère, sa première récolte « sortira » dans trois semaines. « On parle déjà aux grandes chaînes, aux [fournisseurs] de restaurants et aux hôteliers. Chacun est prêt à prendre l’entièreté de la production », affirme Richard Giunta, propriétaire. La réponse des clients potentiels est si encourageante que malgré le tout récent lancement de l’entreprise, en juin dernier, les propriétaires prévoient déjà l’expansion de leur modèle, ici ou ailleurs.
Même son de cloche à La ligne verte, l’exploitation chargée de cultiver commercialement les 25 000 pi2 de légumes bio sur le toit d’un IGA de Montréal. Le projet n’a été mis en place qu’en juillet dernier, mais l’entreprise a déjà été approchée pour en élaborer trois autres similaires.
Les citadins lancent différents modèles de fermes qui sont adaptées à la ville, comme en font foi les projets que M. Duchemin dirige avec son équipe du Laboratoire sur l’agriculture urbaine, à Montréal. « Nous réalisons beaucoup de recherche et développement pour créer des prototypes d’exploitations qui fonctionneront et qui seront viables pour les producteurs », indique M. Duchemin. Le Laboratoire a bénéficié d’une aide financière de 200 000 $ du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Pour encourager ce genre de projets, Québec a d’ailleurs lancé la Stratégie de soutien de l’agriculture urbaine dotée d’une enveloppe de 2 M$ sur trois ans.
Complémentarité
Ces initiatives commerciales sont surtout perçues comme une forme d’agriculture complémentaire. Un point de vue auquel l’Union des producteurs agricoles adhère depuis 2012. Le conseiller en développement territorial au MAPAQ, Alexis Cadieux-Gagnon, explique que « si on rassemble toutes les poules d’un territoire comme celui de Montréal ou Gatineau, on ne s’approche même pas de la taille d’un poulailler conventionnel ». Idem pour le maraîcher Tim Murphy, de La ligne verte. « Je ne pense pas que [l’agriculture urbaine] prétend remplacer une agriculture paysanne dans un champ, mais on peut la complémenter, c’est sûr. »
La production de fruits et légumes en ville fait tout de même de l’ombre aux petites fermes installées en campagne. « Je ne sais pas si ce sont les Fermes Lufa qui nous ont pris des clients, mais quand cette entreprise dit distribuer 10 000 paniers par semaine, c’est nécessairement à une clientèle que des petites exploitations comme la mienne n’ont pas ou n’ont plus », mentionne le maraîcher bio Frédéric Verville, de La Ferme du Coq à l’Âne, en Estrie.
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