Rançon de la gloire, les fromageries du Presbytère à Sainte-Élizabeth-de-Warwick et de Nouvelle France à Racine peinent à suffire à la demande. Leur Pionnier, déclaré meilleur fromage de l’année au Québec, rajoute un morceau à leur casse-tête.

Jean Morin, copropriétaire de l’entreprise des Bois-Francs, admet qu’il est le parfait exemple de cette pénurie de fromages artisans au Québec. « C’est un heureux et majeur problème », convient le fromager, conscient que les succès remportés par ses fromages ont suscité d’énormes attentes. L’an dernier, son Taliah, un cheddar de lait de brebis, a également remporté un Caseus d’or.

« On a tout de suite manqué de ce fromage », reconnaît Jean Morin. Celui-ci aimerait bien augmenter sa production, mais est incapable de trouver un approvisionnement suffisant en lait de brebis.

À ce manque, dit-il, s’ajoute la difficulté à recruter une main-d’œuvre qualifiée. En conséquence, la fromagerie s’est vue dans l’obligation de diminuer sa fabrication de fromages à pâte molle. Le propriétaire dit être à la recherche intensive de fromagers depuis trois mois, ayant même adressé sa demande « à l’univers ».

Marie-Chantale Houde, copropriétaire de la Fromagerie Nouvelle France, collectionne aussi les honneurs. Ces succès, admet-elle, combinés à un faible approvisionnement en lait de brebis, peuvent se traduire par une pénurie de certains fromages artisans.

« Il manque de troupeaux laitiers de brebis au Québec », affirme celle qui est aussi porte-parole de l’Association des fromagers artisans du Québec. Autre élément important, souligne Mme Houde, plusieurs fromages artisans sont fabriqués à partir de lait de troupeaux nourris uniquement au foin sec. Or, il y a aussi une rareté de foin sec au Québec.

La fromagère note également que la pénurie de fromages ne touche pas que les fromagers artisans. À preuve, indique-t-elle, Saputo a manqué de Cendrillon quand ce fromage a remporté le titre de meilleur fromage au Canada.

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