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Les études sur les gras saturés se suivent, mais ne se ressemblent pas. Les principes directeurs du nouveau Guide alimentaire canadien proposent pourtant de choisir des aliments qui contiennent surtout des lipides insaturés, préférablement aux lipides saturés.
La consommation de denrées riches en protéines végétales plutôt qu’animales est aussi recommandée. Est-ce fondé sur la science?
Selon Benoît Lamarche, chercheur en nutrition de l’Université Laval, les données récentes remettent en question le lien établi depuis plusieurs années entre un apport important en gras saturés et les maladies cardiovasculaires. Dans un article publié en 2014 par la revue Physiologie appliquée, nutrition et métabolisme, l’augmentation du cholestérol associé à la consommation de gras saturés « semble n’avoir que peu d’impact sur de nombreux autres facteurs de risque ». L’étude soutient qu’il est temps de revoir les recommandations alimentaires relatives aux gras saturés. Le Dietary Guidelines Advisory Committee, qui participait à l’élaboration du dernier guide américain, soulignait également, en 2015, qu’il manquait de faits scientifiques établis pour appuyer le lien entre les lipides saturés et les maladies cardiovasculaires.
Même son de cloche du côté du cardiologue Martin Juneau, de l’Institut de cardiologie de Montréal. « De plus en plus de cardiologues réalisent qu’on frappait à tort sur les gras saturés et le cholestérol. L’équation est beaucoup plus complexe. Les gras saturés ont finalement très peu d’impact sur les maladies cardiovasculaires, s’ils en ont un », a commenté Martin Juneau à La Presse, peu après la sortie de l’étude citée plus haut.
« C’est une littérature complexe. Il y a quand même deux camps sur les gras saturés », indique Jean-Claude Moubarac, professeur de nutrition à l’Université de Montréal. Ce dernier mentionne que, selon lui, le problème est qu’on « ne fait pas la différence entre les gras saturés naturels et les gras saturés ajoutés ».
Produits ultratransformés
Jean-Claude Moubarac estime que Santé Canada n’a peut-être pas voulu viser principalement les aliments ultratransformés, comme dans le guide alimentaire du Brésil, pour des considérations légales par rapport à l’industrie. De nouvelles données issues des méta-analyses réalisées par l’Organisation mondiale de la Santé pourraient toutefois permettre à Santé Canada de se prononcer plus clairement sur les aliments ultratransformés dans les prochaines années.
Le rapport sénatorial de 2016 mentionne que 60 % des denrées achetées au Canada sont ultratransformées.
Santé Canada s’en prend aux gras saturés et au sucre Le nouveau guide alimentaire sera publié en 2018, mais des principes directeurs ont été dévoilés par Santé Canada en juin dernier. On peut entrevoir certaines orientations du futur guide. Principe 1 : Le fondement de la saine alimentation est basé sur une variété de boissons et d’aliments nutritifs. • Consommation régulière de légumes, de fruits, de grains entiers et d’aliments riches en protéines, surtout celles d’origine végétale; • Inclusion d’aliments qui contiennent notamment des lipides insaturés plutôt que des lipides saturés; • Consommation régulière d’eau. Principe 2 : Les aliments et boissons transformés ou préparés, riches en sodium, en sucre ou en lipides saturés nuisent à une saine alimentation. • Consommation limitée d’aliments transformés ou préparés riches en sodium, en sucre ou en lipides saturés; • Abstention de boire des boissons transformées ou préparées riches en sucre, incluant les jus de fruits et le lait aromatisé. Principe 3 : Des connaissances et compétences sont nécessaires pour naviguer dans un environnement alimentaire complexe et favoriser une saine alimentation. • Choix d’aliments nutritifs au magasin et au restaurant; • Planification et préparation de collations et de repas sains; • Repas en famille ou entre amis aussi souvent que possible. |