Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Pas facile la vie de médecin de campagne quand les patients tardent à consulter. Selon Paul Paradis, chirurgien à la retraite, les agriculteurs attendent jusqu’à « l’extrême limite ».
« Ils ne peuvent pas être malades, a-t-il pu constater. Ils demandent toujours quand ils pourront recommencer à travailler. Il faut les retenir; c’est tout le contraire des gens qui ont des assurances. »
« Les animaux ne peuvent pas attendre, de sorte que les producteurs n’ont pas le choix, ajoute-t-il. S’ils sont opérés pour une hernie par exemple, ils retournent toujours au travail avant la date prévue. Ça prend beaucoup de courage et de force de caractère. Ils doivent accomplir leurs tâches pendant que les autres s’amusent et comme un chirurgien, ils mettent beaucoup d’heures dans leur travail », dit celui qui a éprouvé un grand plaisir à côtoyer ces entrepreneurs qui prennent rarement des vacances.
Le Dr Paradis se souvient d’une productrice de bovins dans la quarantaine qu’il a opérée pour un cancer du côlon. Celle-ci était de retour au travail en moins de deux semaines, alors qu’une convalescence normale varie entre six et huit semaines. « Allez-vous devoir me mettre un sac? » s’est-elle inquiétée.
Élevé à la campagne à L’Ancienne-Lorette en banlieue de Québec, Paul Paradis admet volontiers son intérêt pour le travail à la ferme. Il repense à l’époque où le laitier et le boulanger livraient leurs produits « à cheval ». Son grand-père paternel, rapporte-t-il, était cultivateur à Sainte-Anne-de-la-Pérade, tandis que son grand-père maternel était fils d’agriculteur.
« La pomme, songe-t-il, ne tombe jamais loin de l’arbre. »
De sa pratique auprès des producteurs, il retient aussi leur stoïcisme, tant chez les femmes que chez les hommes.
« Ce ne sont pas des mémères », dit-il pour décrire leur résistance à la douleur.
Le Dr Paradis cite l’exemple d’un producteur laitier d’une cinquantaine d’années qui souffrait d’une hernie, une récidive. En pareil cas, la consigne est d’éviter tout effort physique durant quatre à six semaines après l’opération. Il n’a évidemment pas respecté cette consigne, interrogeant plutôt le chirurgien à propos de l’installation d’une prothèse synthétique. « Allez-vous me mettre une plug? », a-t-il alors demandé.
« Les agriculteurs éprouvent beaucoup de gratitude, enchaîne le Dr Paradis avec respect. Lorsqu’ils viennent nous voir, ils nous apportent du sirop d’érable, des fraises et des framboises. C’est un signe de reconnaissance, tandis que la majorité des gens pensent que le médecin est déjà assez payé. »
« J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec eux », conclut-il avec un large sourire, qui laisse deviner qu’il a connu de bons moments.
VOIR AUSSI
Les agriculteurs, pas de petites natures!
Malade, la médecine rurale?
Comme l’agriculteur, un médecin rural doit être polyvalent
La médecine en autobus