Politique 24 août 2017

Québec solidaire n’abolirait pas le « monopole » de l’UPA

« Un gouvernement de Québec solidaire [QS] n’abolirait pas le monopole syndical de l’Union des producteurs agricoles [UPA] », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de QS, en entrevue à La Terre le 18 août pour parler de l’adoption du programme agricole et agroalimentaire du parti établi en mai dernier.

Gabriel Nadeau-Dubois explique que la position de QS sur cette question est « nuancée » puisqu’elle est aussi « sensible » à la volonté de certains agriculteurs de se regrouper différemment. Le monopole syndical n’est cependant « pas un problème en soi ».

Contre Pangea

QS n’hésite pas non plus à se positionner pour la protection des terres agricoles et « contre » la spéculation. « Pangea inquiète beaucoup les gens et avec raison », a affirmé le porte-parole, qui déplore l’achat de terres à des fins spéculatives. Il ajoute à ce sujet qu’il faudrait « interdire certaines pratiques » qui nuisent à la relève.

QS envisage la taxation des terres non exploitées pour éviter l’apparition de friches et un possible dézonage en périphérie des villes, et permettre de scinder les terres en plus petites exploitations pour la relève, tout en s’assurant de prévenir l’accroissement des « gentlemen-farmers ».

Trois axes

Le programme agricole de QS tourne autour de trois axes :

  • L’amélioration de la qualité de vie et de la sécurité financière des producteurs;
  • La transition vers un modèle d’agriculture écoresponsable;
  • La revalorisation des produits agricoles locaux du Québec.

« On part d’un constat que font de plus en plus de gens. Il y a un problème de charge de travail, de stress, d’isolement, voire même de détresse psychologique. La santé du milieu agricole dépend de notre capacité à donner une bonne qualité de vie aux gens qui choisissent l’agriculture », estime le porte-parole, qui ajoute que QS soutiendrait davantage les coopératives d’utilisation de main d’œuvre partagée, qui permettent de prendre des vacances ou des congés parentaux.

« De plus en plus de gens au Québec veulent des produits locaux, de qualité, biologiques et frais. On croit que dans une perspective de souveraineté alimentaire et de développement durable, c’est ce genre de modèle là qu’il faut encourager », croit Gabriel Nadeau-Dubois, qui pense que ce sera bon pour l’économie, l’agriculture et la santé.

Afin de favoriser ce modèle, QS a l’intention de soutenir les producteurs regroupés en coopératives, en clubs-conseils ou en organisations à but non lucratif. « Il faut aussi des incitatifs pour la transition vers le biologique », ajoute le porte-parole. Selon QS, une agriculture écoresponsable pourrait également se réaliser grâce à un meilleur soutien technique et un appui « massif » à la recherche publique.

Le programme des solidaires prévoit encourager les produits du terroir, les appellations contrôlées, les marchés publics, la traçabilité, l’étiquetage des aliments d’ici et vise l’obligation d’étiqueter les produits contenant des organismes génétiquement modifiés.

Libre-échange et gestion de l’offre

Gabriel Nadeau-Dubois estime qu’il faut imposer aux produits de l’extérieur les mêmes normes sanitaires qu’ici. Concernant l’impact de la juridiction fédérale dans ce domaine, le député de Gouin rappelle que QS est un parti « indépendantiste » et vise le « plein contrôle » de cette réglementation, tout comme le pouvoir de négocier des accords de libre-échange.

Sur ce dernier point, son gouvernement défendrait « totalement » la gestion de l’offre. Les solidaires sont par ailleurs prêts à « regarder » la possibilité d’une production hors quotas pour les petits agriculteurs.

QS peut-il percer en région?

Gabriel Nadeau-Dubois estime qu’il serait possible de faire élire 25 députés en région en 2018. Depuis mars dernier, le nombre de membres du parti est passé de 8 000 à 16 000 et 60 % de cette augmentation est attribuée aux régions. Le député Amir Khadir a courtisé les producteurs au Salon de l’agriculture en juillet, à Saint-Hyacinthe. Notons que les intentions de vote à l’égard de QS atteignent maintenant 15 % ou plus dans les sondages des derniers mois.