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Ce n’est pas spontanément que l’on associe art et agriculture. Pourtant, l’agriculture, avec ses objets anciens ou ses nouvelles technologies, est une source d’inspiration pour bon nombre d’artistes. Incursion au cœur du travail de ces derniers.
Exit la « vision idyllique » des modèles de fermes du 19e siècle que l’on retrouve dans les publicités et sur les emballages de produits. L’agriculture se transforme, et quelques artistes se font un devoir de le faire savoir au grand public et aux agriculteurs eux-mêmes. Si Michel Boulanger s’attache à montrer les différentes représentations de « l’agriculture contemporaine », Daniel Guindon, quant à lui, travaille d’anciens objets agricoles pour rendre hommage à « ceux qui ont façonné la terre ».
Représentations
Alors que la tendance poussait une majorité des artistes vers l’art urbain il y a une douzaine d’années, Michel Boulanger s’est trouvé une source d’inspiration aux antipodes de celle ses confrères : l’agriculture. « Je trouvais ça intéressant d’amener de nouvelles représentations en agriculture », explique ce dernier. Petit fils d’agriculteurs, l’artiste et professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM a toujours été familier avec le milieu rural. Son atelier est d’ailleurs situé à L’Islet, dans Chaudière-Appalaches.
« Je trouve que le grand public ne concède pas assez de conscience écologique [à l’agriculteur], alors que je crois qu’il en a une beaucoup plus affirmée que la perception qu’on en a », indique celui qui travaille principalement en dessin 3D et en vidéos d’animation.
Dans son travail, l’homme s’est rapidement intéressé à la nature industrielle de l’agriculture et à la machinerie. « Pour moi, ce sont des sculptures, c’est abstrait. [Pour] quelqu’un qui ne sait pas ce que c’est, ça a presque l’air lunaire des fois. Il y a une grande modernité là-dedans, une fascination pour ces objets-là. » Ses œuvres représentent principalement des bâtiments de ferme et des équipements agricoles, mais dans ses créations se « glissent » parfois des animaux dont il puise l’inspiration autour de son atelier.
« Je parle d’agriculture, mais ça a plus l’air d’une industrie qu’autre chose. Est-ce que c’est bon ou mauvais? Ce n’est pas tellement à moi d’en délibérer, mais je trouve que ce sont de belles structures et j’ai le goût de les montrer », confie Michel Boulanger.
Rendre hommage
Également petit-fils d’agriculteur, Daniel Guindon récupère de l’équipement agricole destiné à la casse pour concevoir ses sculptures. Avec un râteau à foin, une herse à roulettes et un vibro, il a conçu le Tourne-Sol, une œuvre qui rappelle qu’avant de semer, l’agriculteur doit procéder à des travaux de sol. « Je crée des sculptures pour rendre hommage à nos ancêtres. Pour ne pas oublier ceux qui ont façonné la terre. C’est aussi ma façon de récupérer des objets anciens, notre patrimoine mécanique », témoigne M. Guindon.
Depuis une quinzaine d’années, cet artiste de Sainte-Anne-de-Prescott, dans l’Est ontarien, a créé une vingtaine d’œuvres, dont une à partir d’un ancien semoir qu’il a baptisée Le Petit se meurt en lien avec sa vision du déclin des petites fermes. Les Tourne-Sols, créés à partir d’outils de travail du sol, rappellent qu’avant de semer, il faut préparer la terre.
Avec la collaboration de Martin Ménard
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