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Rogers Sugar, qui détient déjà Lantic et ses raffineries de sucre de canne situées à Montréal et à Vancouver, vient de mettre la main sur la compagnie québécoise L.B. Maple Treat, l’un des plus grands embouteilleurs et distributeurs de sirop d’érable pur au monde. La transaction est évaluée à 160 M$.
« Cette opération stratégique d’envergure vient changer la donne pour Rogers Sugar. L’acquisition permettra notre diversification au sein du vaste marché en pleine croissance du sirop d’érable, un édulcorant naturel », a affirmé par voie de communiqué John Holliday, président et chef de la direction de Rogers Sugar et de Lantic Inc.
Un impact positif
Le président actuel de L.B. Maple Treat, Daniel Cousineau, estime que la transaction permettra de propulser davantage les ventes de sirop et des produits de l’érable. « En partageant la force de vente des deux entreprises, c’est sûr que ça va créer des opportunités. Lantic [et Rogers Sugar] a des clients que nous n’avons pas et ces derniers auront maintenant accès à un portefeuille élargi de produits de l’érable. Cela se traduira par une augmentation assez significative des ventes pour L.B. Maple Treat », évalue M. Cousineau, ancien président des Rôtisseries St-Hubert. Il assure que le siège social demeurera à Granby et que L.B. Maple Treat poursuivra son plan d’affaires, notamment axé sur la croissance. L’entreprise avait elle-même acquis quatre compagnies au cours des 14 derniers mois.
Favoriser le sirop du Québec
Considérée comme une pionnière dans le secteur acéricole, L.B. Maple Treat commercialise aujourd’hui les produits de l’érable dans plusieurs pays et son chiffre d’affaires annuel dépasse les 150 M$. L’entreprise embouteille du sirop d’érable du Vermont, mais surtout du Québec, où elle s’approvisionne auprès de 1 400 acériculteurs.
Est-ce que cette transaction pourrait inciter L.B. Maple Treat à acheter plus de sirop américain avec son usine d’embouteillage située au Vermont, et ce, pour ensuite alimenter les gros joueurs américains comme Amazon et Costco?
« Nous continuerons à favoriser la filière québécoise, car la qualité de son sirop est reconnue à travers le monde et des acheteurs, même des États-Unis, préfèrent le sirop québécois. Nous nous assurerons cependant de maintenir un certain équilibre avec nos producteurs du Vermont, car il y a aussi une demande pour le sirop américain », explique M. Cousineau. « De toute façon, ajoute-t-il, l’enjeu avec le sirop des États-Unis, c’est qu’il n’y en a pas assez, surtout pour soutenir une consommation de sirop d’érable qui augmente annuellement de 8 à 12 % à l’échelle mondiale. »
Dans son communiqué, Rogers Sugar soulignait de surcroît la conjoncture favorable de la production de sirop d’érable québécoise, c’est-à-dire une stabilité des prix et l’accès à une réserve stratégique de sirop d’érable en cas de demande imprévue.
Serge Beaulieu, président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, voit d’un bon œil cette transaction entre industriels. Il estime que l’expertise du nouvel acquéreur pourrait l’amener à développer de nouveaux produits sucrants à base d’érable et que son réseau de distribution pourrait faire croître la demande.
Aussitôt redevenue québécoise, aussitôt revendue L.B. Maple Treat a été fondée au Québec en 1975, puis vendue en 2009 à Bedford Capital, un fonds d’investissement privé de Toronto. En février 2016, elle est redevenue « québécoise » lorsqu’un groupe d’investisseurs incluant un fonds privé, la Corporation Financière Champlain, l’a achetée. Ces derniers viennent de revendre l’entreprise à Rogers Sugar, une société cotée en bourse et basée en Colombie-Britannique. |