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MONTRÉAL — « Il y a une entreprise qui s’attribue tout le marché du cannabis médical présentement au Québec [Hydropothecary]. Qu’en est-il de l’accès pour les petits producteurs? » a lancé Marthe Olivier au Forum d’experts sur l’encadrement du cannabis au Québec le 20 juin dernier.
Même si son entreprise n’a pas encore été créée, l’avocate de formation aujourd’hui retraitée s’est fait un devoir de prendre la défense des petits producteurs devant les trois participants représentant les grands producteurs de cannabis médical du Canada dans l’atelier censé faire la lumière sur le futur modèle de production de cannabis au Québec.
« C’est inquiétant de voir qu’il n’y a pas de place qui se dessine pour les petits producteurs dans la future production de cannabis au Québec », a-t-elle ajouté.
La grosseur des entreprises est aussi un élément préoccupant pour François Gagnon, conseiller scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « La tendance à voir des joueurs prendre de plus en plus d’expansion dans la production a mené à des pratiques agricoles qui nécessitaient des intrants, comme les pesticides, et à des programmes de gestion propres à une grande monoculture, alors que les petits producteurs seraient plus à même d’utiliser des techniques de production plus santé ou biologiques », a-t-il indiqué.
Contrôle de la qualité
Lorsque Santé Canada a légalisé le cannabis médical, le contrôle de la qualité des substances a été basé sur le principe de l’autorégulation de l’industrie.
Or, l’hiver dernier, des pesticides interdits ont été découverts dans ce produit. Ceux-ci étaient homologués pour la culture des aliments, mais se sont avérés nocifs pour la santé quand ils étaient brûlés.
Par conséquent, Santé Canada a dû émettre de nombreux rappels auprès de différents producteurs. C’est donc de l’inquiétude sur les pratiques de production actuelles que les experts ont manifestée.
Pour éviter de transposer ces lacunes à la production récréative, les experts proposent au gouvernement du Québec deux solutions afin de mettre en place des outils de contrôle de qualité.
La première option consisterait à confier à un organisme unique la responsabilité d’acheter le cannabis aux producteurs, de le distribuer et de le vendre. Cet organisme pourrait aussi s’occuper d’évaluer la teneur en substances psychoactives (THC-CBD) du produit et la présence de pesticides, d’hormones de croissance et de métaux lourds, et d’effectuer d’autres tests complémentaires à ceux de Santé Canada.
L’autre option ferait en sorte que les tests sur le cannabis soient réalisés conjointement par l’Agence canadienne d’inspection des aliments et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), comme ce qui se fait déjà dans le monde agricole. De plus, la traçabilité est primordiale en cas de rappel de produits.
Les experts ne sont pas arrivés à un consensus en ce qui a trait à la limite de la teneur en THC permise, mais ils se sont mis d’accord sur l’importance d’offrir une variété de produits comportant des concentrations différentes en THC et en CBD.
Ils se sont unanimement entendus pour dire que la recherche de qualité des produits devait guider les pratiques.
Le Forum de juin dernier a été la première de nombreuses consultations qui prendront place à travers la province jusqu’en septembre. Québec devrait déposer un projet de loi-cadre l’automne prochain.