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À la ferme, les producteurs sont exposés à tous les dangers. Trop nombreux sont ceux qui ont perdu un bout de doigt, un œil, quand ce n’est pas carrément la vie. Plus de 70 membres du groupe Facebook Machineries Agricoles ont récemment fait part de ce qu’ils ont vécu.
Christian Beaudry aura 25 ans le 27 juin prochain. À l’été de ses 15 ans, il a perdu le bout de son pouce droit en empilant des balles de foin au fenil. Il portait des gants, sans doute « trop gros », lorsque son doigt est demeuré coincé dans le convoyeur. Depuis l’accident fatidique, le jeune homme n’avait jamais reparlé publiquement de sa mésaventure.
« Je me suis ouvert pour la première fois sur le groupe Facebook, confie-t-il. J’ai pensé qu’il s’agissait d’une bonne place parce que c’est avec des gens en mesure de comprendre. »
Christian Beaudry ne travaille plus à la ferme, située à Verner, une petite communauté francophone du Nord ontarien, à 45 minutes de North Bay. Il occupe aujourd’hui un emploi de programmeur au Conseil scolaire Franco-Nord, son père ayant vendu le troupeau laitier. Lors de l’accident, il a d’abord été transporté à l’hôpital de Sturgeon Falls et, devant la gravité de son état, a été conduit par hélicoptère jusqu’à Toronto.
« Ce n’était pas beau à voir, relate-t-il. J’étais seul et il a fallu que je me calme d’abord. Je suis quasiment tombé sans connaissance. Je suis quand même chanceux parce que j’aurais pu perdre la main. »
Œil crevé
Patrick Racine, un agriculteur de Bedford dans les Cantons-de-l’Est, a perdu un œil à 19 ans. En 1998, il étudiait alors en production laitière à l’École professionnelle de Saint-Hyacinthe. À l’aide d’un marteau, il tentait de faire entrer des pointes de charrue quand un éclat de métal, « gros comme une mine de crayon », lui a transpercé l’œil.
Patrick Racine a conservé cet œil jusqu’en mai 2014, mais a vécu « l’enfer » à partir de 2010. Il ressentait alors avec une douleur permanente, la sensation épouvantable d’avoir constamment un doigt planté dans l’œil.
« Ce n’était plus vivable, raconte-t-il, autant pour moi que pour ma famille. Un accident a de grosses conséquences pour notre entourage également. »
L’agriculteur porte maintenant un œil de vitre et des lunettes de soleil quasiment en permanence. Sa condition ne l’empêche pas de vaquer aux diverses tâches d’une ferme laitière et céréalière. Au moment de l’entrevue téléphonique, il épandait des herbicides avec son tracteur. « Je me suis trouvé des trucs, indique-t-il. Il a fallu que je m’adapte parce que je n’ai plus de profondeur de vision. »
Patrick Racine convient que le métier d’agriculteur est dangereux, convaincu cependant « qu’il ne faut pas s’empêcher de vivre ». Il trouvait important de témoigner de son expérience, admettant que la prudence est souvent la grande oubliée. « On ne fait pas toujours attention et même encore aujourd’hui, je le reconnais; un accident est vraiment vite arrivé. »
Avec la collaboration de Vincent Cauchy
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