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LANAUDIÈRE — Plusieurs érablières de Saint-Alexis, de Saint-Jacques et de Saint-Esprit sont de nouveau aux prises avec une invasion monstre de chenilles. La situation semble aussi préoccupante qu’en 2009.
« On était infestés l’an dernier également. On n’a pas eu la fenêtre de température qui nous aurait permis de faire des traitements, alors cette année il y a encore plus de chenilles », raconte l’acériculteur Mario Martel, dont l’érablière est située dans le rang des Continuations, à Saint-Esprit. Plus d’une vingtaine de producteurs seraient touchés, selon les premières estimations qu’il a réalisées avec quelques voisins. Le dimanche 28 mai, ils se sont regroupés chez M. Martel pour mieux évaluer l’ampleur des dommages et établir une stratégie afin de contrôler l’infestation.
Bernard Comtois, l’entomologiste venu de Québec pour identifier l’insecte, n’a pas hésité une seconde. « Il s’agit bien de la livrée des forêts. Elle est petite pour l’instant, mais elle grossira », explique-t-il. C’est selon lui le moment idéal pour arroser les arbres à l’aide de l’insecticide biologique Bacillus thuringiensis (Bt). Cette bactérie n’a aucune autre incidence sur la nature environnante que de tuer les chenilles. Les producteurs touchés vont mandater La Coop Profid’Or pour accomplir du haut des airs le travail d’aspersion du Bt. « Au bout de 24 heures, elles vont arrêter de manger, mourir et tomber. En l’espace d’une semaine, vous devriez voir les résultats », dit M. Comtois.
Hiver trop clément
La livrée des forêts est un insecte indigène, naturellement présent dans les feuillus. Son papillon voyage à la fin de l’été au gré des vents et pond ses œufs lorsqu’il trouve la forêt idéale. Quand la chenille naît, elle dévore les feuilles.
« Trois jours à -32 °C durant l’hiver suffisent à tuer une grande quantité d’œufs », mentionne M. Comtois. La région de Lanaudière n’a pas connu ces conditions hivernales cette année. Le réchauffement climatique expliquerait donc en partie le haut niveau d’infestations.
Pour certains, les dommages sont immédiats. « Ça va être difficile de louer nos salles cet été », dit Sébastien Grégoire, de l’Érablière La Petite Coulée, à Saint-Esprit. Chez lui, plusieurs arbres sont complètement défoliés et recouverts de haut en bas d’un tissu de fils où circulent des millions de chenilles. Des paquets d’insectes tombent du ciel, tapissent le sol et montent sur les murs et le toit de la cabane à sucre. Difficile d’imaginer la tenue d’une réception dans ces conditions.
La plupart des producteurs ont du mal à évaluer les pertes, puisque les dommages se produisent à long terme. « Les arbres touchés dépérissent graduellement et d’année en année, des branches meurent, et si une sécheresse survient, ils finissent par mourir », explique pour sa part Robert Beaudoin, producteur de sirop d’érable et arboriculteur.