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LÉVIS — Le ministre Laurent Lessard a déclaré vouloir une politique comportant des cibles de croissance ambitieuses pour l’agriculture dans toutes les régions du Québec.
Il veut aussi que le Québec prenne sa place sur son propre marché, qu’il soit « moins dépendant » de l’offre d’aliments venant d’ailleurs sur la planète. Les 200 participants et observateurs de la 3e rencontre préparatoire du Sommet sur l’alimentation ont spontanément salué cette affirmation, le 26 mai.
« Il faut accoucher [d’une politique]. À l’automne, on aura l’occasion de faire converger l’ensemble de nos travaux », a précisé Laurent Lessard, qui compte rencontrer les différentes filières dans les prochains mois pour en arriver à une politique qui « fixe des objectifs ». Il affirme qu’une fois cette « ambition » chiffrée, il sera plus facile de convaincre le ministre des Finances du potentiel de croissance relié aux actions proposées dans la future politique bioalimentaire.
Des territoires à occuper
Le ministre de l’Agriculture a ouvert la rencontre en insistant aussi sur le développement des territoires du Québec. « On a de l’ambition pour le territoire. On ne peut pas tout faire en Chaudière-Appalaches. Il faut développer l’ensemble du territoire », a lancé Laurent Lessard, en ajoutant que le meilleur moyen de protéger le territoire agricole était d’y développer l’agriculture.
Sur ce point, le professeur de l’Université Laval Patrick Mundler a apporté des exemples intéressants afin de résoudre la « tension » entre territoire et agriculture. Les fermes tendent en effet à se concentrer et à se rapprocher des zones densément peuplées. Pour les régions périphériques, auxquelles le ministre accorde une importance dans sa réflexion, le professeur suggère notamment d’utiliser les appellations ou l’agrotourisme, bref « d’inventer de la valeur ajoutée qu’on peut imaginer de façon collective ».
La ferme moyenne en « chute libre »
Dans son allocution d’ouverture, le ministre Lessard a aussi insisté sur l’importance des différentes tailles de ferme. « Il y a de la place pour toutes les agricultures », a lancé Laurent Lessard, soulignant que certaines fermes visent le marché du village, tandis que d’autres visent ceux de la région, du Québec, du Canada ou même de la planète.
Quant au conférencier d’honneur Claude Lafleur, il a démontré, chiffres à l’appui, que la ferme moyenne « familiale » est en « chute libre » : 5 000 fermes au Québec réalisent 75 % du chiffre d’affaires. « On est à la fin d’un cycle en agriculture », estime l’ancien chef de la direction de La Coop fédérée. Pour s’adapter à cette nouvelle donne, il suggère des « plans conjoints 2.0 », des plans conjoints qui fassent preuve d’« ouverture » et soient « plus inclusifs », notamment pour les petites fermes.
Dans un autre ordre d’idées, il a aussi invité le secteur à « regarder sérieusement » la possibilité de recourir à des capitaux extérieurs pour arriver à financer des entreprises de plus en plus technologiques. Il est d’avis que ce financement ne doit pas nécessairement aller dans les terres, mais dans la structure de production.
Ce qu’ils ont dit
« Malheureusement, La Financière agricole du Québec est devenue surtout un assureur qui tend à limiter ses dépenses. Cela ne lui permet pas de jouer son rôle de développement du secteur agricole. »
– Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles
« Il n’y a pas encore beaucoup de chair autour de l’os. Je m’attends à ce que ça se précise d’ici le Sommet de cet automne. »
– Gaétan Desroches, chef de la direction de La Coop fédérée
« Il faut un soutien compétitif et il faut pouvoir le comparer de façon sectorielle. Certains secteurs deviennent orphelins quand on les compare. »
– Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec
« Ce n’est pas de l’espace tablette dont on a besoin dans notre secteur, c’est de l’espace planète. Il nous faut une politique englobante qui fasse prospérer tous les maillons de la filière. »
– David Boissonneault, président des Éleveurs de porcs du Québec