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Le travail d’élagage est un art, et les producteurs de bois ont tout intérêt à le maîtriser en sachant quand et comment exécuter le travail et en utilisant des outils appropriés et de qualité.
L’ingénieur forestier Patrick Lupien, du Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie, coauteur du Guide sylvicole du Québec (tome 2), a plusieurs fois constaté que la méconnaissance et les erreurs peuvent être coûteuses pour les producteurs forestiers.
« Un jour, un producteur a voulu me montrer le travail qu’il avait effectué sur sa plantation. J’ai convenu qu’il avait beaucoup travaillé, mais qu’il avait complètement manqué son coup et compromis la rentabilité de sa plantation en n’effectuant pas les bonnes opérations », raconte M. Lupien.
L’élagage consiste à couper les branches mortes ou vivantes dans la partie inférieure de la tige d’un arbre afin de réduire la formation de nœuds dans la production de bois d’œuvre de qualité pour le sciage ou le déroulage. Pour les feuillus, l’opération concerne la partie inférieure, c’est-à-dire à environ 30 à 50 % de la hauteur de l’arbre.
De la bonne façon et au bon moment
La taille de formation, pratiquée dans la partie supérieure de l’arbre, est effectuée de deux à trois ans après la plantation, pour corriger les malformations en supprimant les branches qui déforment le tronc : fourches, branches qui concurrencent la cime ou branches trop grosses. L’opération permet d’assurer la rectitude de la bille et de faciliter l’élongation de la tige, en somme de lui garantir une structure solide.
La première intervention d’élagage à proprement parler devrait être réalisée au plus de cinq à sept ans après la plantation.
« La hauteur de la bille de bois devrait alors être établie [8 à 12 pi] et l’élagage permettra de réduire la quantité de nœuds, assurant ainsi une plus grande valeur au bois », explique M. Lupien.
Ce premier élagage sera suivi d’un ou de deux autres au cours de la croissance de l’arbre. Ces interventions hâtives sont moins laborieuses, moins coûteuses et réduisent le risque d’infection fongique.
Le producteur qui effectue lui-même ses travaux devra respecter quelques règles pour ne pas nuire à la croissance de ses arbres.
Il lui faudra éviter de réaliser l’opération lors de périodes de grands froids ou de grandes chaleurs et, bien sûr, durant la période de montée de la sève. Les mois de mai et juin demeurent le moment idéal pour la coupe de branches de faible diamètre de 2,5 cm et moins.
Le producteur devra aussi se garder de prélever plus de 30 % de branches pour éviter de nuire à la croissance de l’arbre en raison de la réduction de la surface de photosynthèse.
Pour une cicatrisation rapide, la coupe doit être effectuée à un angle qui respecte la limite de l’arête et du collet situés à l’assise de la branche et, bien sûr, sans endommager l’écorce. Pour ne pas affecter la qualité du bois en blessant l’arbre, il faudra éviter de laisser des moignons qui prendront plusieurs années à disparaître.
Avec des branches de plus de 4 cm, une coupe d’allègement doit être faite à 30 cm du tronc pour éviter les déchirures au tronc.
Pour effectuer ce travail, il est fortement recommandé d’utiliser des outils bien affûtés et de les désinfecter avec de l’alcool dénaturé lorsqu’on change d’essence de bois.
En toute sécurité
La question de la sécurité doit demeurer une préoccupation constante lors de l’exécution de tels travaux.
Ainsi, dans la mesure du possible, le producteur devra éviter d’être seul. Dans le cas contraire, il lui faut s’assurer d’avoir des équipements de communication pour réclamer de l’aide au besoin.
Il est aussi impératif de porter des équipements conformes aux normes de sécurité : casque, lunettes, chaussures, gants et protecteur auditif.
La sécurité doit également conditionner la façon de travailler. Par exemple, les outils doivent être manipulés selon les règles du fabricant et on doit s’assurer de ne pas se trouver sous les branches qu’on sectionne.
Pour que le travail soit exécuté efficacement et de façon sécuritaire, il importe aussi d’utiliser les bons outils et de l’équipement de qualité. Il existe plusieurs marques dont la qualité est variable. Les experts recommandent de se fier aux marques renommées offrant des outils faits en acier et munis de poignées de qualité.
Dans son coffre à outils idéal, pour faire ses travaux d’élagage, le producteur devrait retrouver l’équipement suivant :
Le sécateur (environ 40 $) est adapté à la main de l’utilisateur. Les modèles à poignées de métal avec enduit en PVC sont conseillés. Pour l’entretien, il est recommandé d’affûter la partie bombée de la lame et de nettoyer les lames avec un chiffon imbibé d’un mélange pour tronçonneuse afin de prévenir la rouille. Il faut éviter les sécateurs avec système lame sur enclume.
L’ébrancheur (environ 50 $) est utile pour les branches d’un diamètre de 2 à 4 cm. Il faut opter pour les modèles à lame et contre-lame dentées pour éviter l’écrasement de la base des branches. Les modèles avec système de démultiplication sont plus efficaces bien que celui-ci pourrait devenir fragile. Là encore, on doit éviter d’utiliser les outils avec système lame sur enclume.
La scie à élaguer (environ 40 $) permet de supprimer les branches au diamètre important ou à l’angle d’insertion trop aigu. La coupe moins franche engendre des plaies plus larges provoquant une cicatrisation plus lente. Il faut privilégier les modèles à lame étroite et courbée, plus maniable entre les branches. Le lissage de la lame se fait à la toile d’émeri et l’affûtage à l’étau.
L’échenilloir est très utile, mais si la perche d’aluminium est résistante, elle est également lourde et froide. Les tiges en fibre de verre sont plus légères et inaltérables. Il faut préférer les tiges d’une longueur inférieure à 2 m. L’échenilloir doit être de bonne qualité et muni de poulies qui réduisent l’effort de tirage de la corde. Quant à cette dernière, elle doit être robuste et de la bonne grosseur. Selon qu’il soit à double ou à triple démultiplication, l’échenilloir permet de couper des branches de 3 à 4,5 cm.
La tronçonneuse perche (ou élagueuse sur perche) facilite grandement le travail d’élagage en permettant de couper des branches de bonne dimension en hauteur tout en demeurant au sol. Il s’agit d’une petite tronçonneuse placée à l’extrémité d’une perche de plus de 2 m (pouvant même dépasser 3 m). Si le moteur est placé en bas, près des mains de l’opérateur, on parlera plutôt d’une perche élagueuse. Évidemment, dans ce dernier cas, le poids est moindre à l’extrémité, ce qui peut faciliter l’utilisation, mais la puissance risque d’être réduite en raison de la présence d’un arbre d’entraînement reliant le moteur à la scie.