Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
MONTRÉAL — L’Union des producteurs agricoles (UPA) juge qu’investir dans le modèle Pangea est tout simplement non rentable pour l’ensemble des Québécois.
Le directeur général de l’UPA, Charles-Félix Ross, croit que dans l’éventualité où Pangea ne dégagerait pas des rendements de 8 % sur ses investissements agricoles, la Caisse de dépôt et placement du Québec, et donc l’ensemble des Québécois, seront perdants.
À l’inverse, si Pangea dégage un rendement de 8 %, ce sera grâce à une surenchère des terres, ce qui posera un frein aux ambitions de 8 000 jeunes agriculteurs qui veulent faire croître leur entreprise. « On se fait avoir d’un côté comme de l’autre avec le modèle Pangea », a résumé M. Ross lors d’une conférence de presse tenue ce matin, à Montréal.
L’UPA n’était pas seule à dénoncer les achats de terres par Pangea. Michèle Lalancette, présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec, Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki, et Jean-Luc Laplante, un jeune agriculteur du Bas-Saint-Laurent, ont tour à tour dénoncé la décision de la Caisse de dépôt et placement du Québec et du Fonds de solidarité FTQ d’investir dans la société Pangea.
Du rendement par la surenchère
Agroéconomiste de formation, Charles-Félix Ross a martelé que les revenus dégagés par la culture des terres ne permettront pas à Pangea d’offrir un rendement intéressant à la Caisse de dépôt. « Les fermes performantes ont eu, en moyenne, des marges à l’hectare de 19 $ en 2013 et de 29 $ en 2014 dans les régions comme Kamouraska, a-t-il illustré en entrevue à la Terre. Et il faut soustraire de ces marges le salaire du producteur. C’est donc impossible pour Pangea de garantir un rendement de 8 % à la Caisse de dépôt avec l’agriculture. La vérité, c’est que pour faire fructifier les investissements, Pangea misera sur une surenchère du prix des terres qu’elle achète. Et c’est ça qui est inacceptable, car ça déstructure l’agriculture. »
Un exemple
Jean-Luc Laplante est venu incarner cette réalité de la surenchère. Ce producteur qui a fait l’objet d’un article publié cette semaine sur le site Internet de La Terre de chez nous a tenté d’acquérir la propriété de 57 hectares d’un voisin, qu’il louait d’ailleurs depuis deux ans. En bout de piste, Pangea a offert un prix supérieur et a mis la main sur la terre et les bâtiments. Lors de la conférence de presse, M. Laplante s’est fait demander s’il aurait eu la même réaction si c’était plutôt un agriculteur qui avait surenchéri pour la terre qu’il convoitait. Le producteur de 30 ans a répondu que les agriculteurs de sa région avaient sensiblement les mêmes revenus et les mêmes coûts de production que lui. Il a ajouté qu’une ferme « peut acheter une terre à gros prix, mais contrairement à Pangea, elle ne pourra pas en acheter deux, ni trois durant une courte période ». « Ça me donne une chance pour acheter les terres voisines », a-t-il conclu.
Bernés
Le président de l’UPA, Marcel Groleau, a conclu la conférence de presse en affirmant que « la Caisse et le Fonds [de solidarité FTQ] se sont fait berner ». Il a réitéré la suggestion de l’organisation de limiter les achats de terres à 100 hectares par année par entreprise, en excluant les transferts intergénérationnels.
Après la conférence, les membres de la relève agricole se sont dirigés vers les bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour y manifester.