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Saint-Germain — Pendant deux ans, Jean-Luc Laplante a loué la terre et les bâtiments de son voisin. À quelques reprises, il lui a offert d’acheter sa propriété, mais la semaine dernière, coup de théâtre, le fonds d’investissement Pangea l’a coiffé au fil d’arrivée.
« Les représentants de Pangea nous ont vus labourer la terre l’automne dernier. Et ils savaient qu’on était acheteurs. Alors, quand ils disent qu’ils ne compétitionnent pas la relève, c’est complètement faux », dénonce Jean-Luc, copropriétaire d’une ferme laitière avec ses parents près de Kamouraska, au Bas-Saint-Laurent.
À une maison près
Yvan Laplante est un des propriétaires de cette terre de 57 hectares comprenant des bâtiments de ferme et deux maisons. Il a confirmé à la Terre avoir signé une promesse d’achat avec Pangea, mais ne veut pas rendre public le montant de la transaction.
Yvan Laplante affirme tout de même que Pangea ne lui a « pas fait de cadeau » et a fait une « évaluation serrée » de l’ensemble de sa propriété. « On voulait tout vendre d’un bloc. Notre voisin [Jean-Luc] ne voulait pas de la deuxième maison et ça aurait été trop compliqué de vendre la résidence à part, vu qu’elle est incluse dans la ferme. […] La différence de prix n’aurait pas été énorme si notre voisin avait pris les deux résidences comme Pangea », indique Yvan Laplante.
La surenchère
Lors des négociations finales, Jean-Luc Laplante a majoré son offre à 425 000 $ afin d’être plus compétitif face à Pangea. Il avait même une préautorisation de prêt de 450 000 $, comme le confirme Martin Beaulieu, de la Banque Nationale.
Avec le recul, le jeune agriculteur de 30 ans estime que cette offre était risquée puisqu’elle aurait possiblement handicapé la rentabilité de son entreprise. « Moi, je les connais, mes coûts de production. Et je sais que si j’avais acheté cette terre-là et ses bâtiments pour 425 000 $ [sans la 2e maison], mes revenus tirés des cultures auraient été déficitaires, analyse le jeune agriculteur. Il aurait fallu prendre de l’argent provenant des revenus de l’étable [pour la payer]. À bien y penser, c’est peut-être une bonne chose que je ne l’aie pas eue. »
Il se questionne néanmoins sur l’avenir, déplorant le fait qu’un groupe comme Pangea oblige les producteurs à surenchérir. « J’aimerais prendre de l’expansion, mais avec Pangea dans le décor, est-ce qu’on va devoir surenchérir pour toutes les terres voisines? Et là où j’ai de la misère, c’est quand une partie de mon propre argent avec la Caisse de dépôt me compétitionne pour l’achat de terre, soulève-t-il. Parce que comme par hasard, la terre était à vendre depuis un moment, mais Pangea a fait son offre le lundi, trois jours après que la Caisse de dépôt a annoncé son implication dans Pangea. »
Pangea n’a pas rappelé la Terre, qui a tenté à plusieurs reprises d’obtenir son point de vue dans cette histoire.
Plus loin, Pangea a reculé Quelques kilomètres plus loin, le jeune agriculteur Yves Gagné a passé près de voir la terre de son père vendue à Pangea. « Mon père a connu un moment de découragement et il a signé une promesse d’achat avec Pangea pour sa terre de 81 hectares. Moi, je m’opposais à ça. Mon père a finalement changé d’idée, mais les papiers étaient signés. J’ai discuté avec M. [Serge] Fortin de Pangea et il a décidé de laisser tomber son offre », raconte M. Gagné. |
Plus de détails dans l’édition papier de La Terre de chez nous du 10 mai.