Économie 2 mai 2017

Une année de forte croissance pour les producteurs de lait

QUÉBEC — Les producteurs de lait du Québec ont connu une croissance exceptionnelle en 2016. Leur droit de produire a augmenté de 8 %, 15 % depuis deux ans. Du jamais vu de mémoire d’homme! Ombre au tableau, les prix ont suivi une tendance contraire, plafonnant à 70,97 $/hl, soit plus de 5 $ de moins qu’en 2014.

« Nous produisons à l’heure actuelle 9 millions de litres de lait chaque jour », s’est réjoui le président des Producteurs de lait du Québec (PLQ), Bruno Letendre. Dans ce contexte favorable, a-t-il souligné lors de la récente assemblée annuelle de son organisation, les producteurs ont investi pas moins de 550 M$ dans leur ferme l’an dernier.

La réhabilitation du gras laitier, pense-t-il, a ainsi eu un impact majeur sur les habitudes alimentaires des Canadiens. L’an dernier, les ventes de crème au détail ont progressé de 4,6 %, celles de yogourt, de 2,4 %, de crème glacée, de 2,1 %, de fromage, de 5,2 %, et de beurre, de 4,1 %.

Certains délégués ont d’ailleurs manifesté leur agacement devant l’importation par le Canada de 17 000 tonnes de beurre en 2016. En juillet prochain, pense-t-on, la Commission canadienne du lait devrait avoir reconstitué la réserve de 30 000 tonnes.

Le prix du lait à la ferme titille aussi les producteurs, qui espèrent retrouver le prix moyen de 2014 à 76,33 $/hl. Ils fondent beaucoup d’espoir sur leur nouvelle Stratégie nationale des ingrédients, une entente conclue avec les industriels et entrée en vigueur en février dernier. Après avoir atteint 70,44 $/hl en février, l’hectolitre de lait a perdu quelques cents pour s’établir à 70,05 $.

Quota

Parmi les résolutions examinées, celle concernant l’attribution des quotas a été chaudement discutée. Le premier vice-président des PLQ, Denis Morin, a expliqué que différentes propositions de changement (fusions partielles, location de quota et autres) ont été débattues ces dernières années, mais rejetées l’une après l’autre. Les délégués ont entre autres convenu de documenter les différentes options après une consultation.

« Il faut prendre le taureau par les cornes et on ne peut attendre une autre année », a lancé une productrice favorable à la location de quota.

« La consultation a eu lieu et il est temps de peser sur le gaz. On est en train de se faire rattraper par l’Ontario », a repris un autre.

Processus d’élection

Les délégués ont majoritairement rejeté une proposition qui aurait eu pour effet de modifier le processus d’élection du président des PLQ. Rappelons que le président est actuellement élu par et parmi les membres du conseil d’administration. Certains auraient souhaité que le processus d’élection soit copié sur le modèle de l’UPA, soit au suffrage des délégués.

Compensations

Les délégués pressent Ottawa de leur consentir de justes compensations pour les pertes découlant de la prochaine entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. Ils rappellent aussi à Québec sa promesse de ne pas ratifier cet accord tant que des compensations jugées satisfaisantes n’auront pas été accordées.

Rappelons que l’Accord économique et commercial global (AECG) prévoit l’importation de 17 500 tonnes supplémentaires de fromages fins. Les délégués exigent également que les contingents d’importation soient attribués aux fromagers qui seront aussi pénalisés. Yves Leduc, responsable du dossier aux Producteurs laitiers du Canada, a indiqué que le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, n’a pas encore tranché la question. Selon les rumeurs, a-t-il déclaré, le ministre opterait pour « une approche par panier » où les contingents seraient partagés entre divers intervenants, fromagers, détaillants et importateurs. Tant le ministre Champagne que le secrétaire d’État à l’Agriculture, Jean-Claude Poissant, ont brillé par leur absence à l’annuelle du lait.