Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
SAINT-NICÉPHORE — À 86 ans, Rolland Bahl peine aujourd’hui à marcher. Il se déplace en triporteur électrique ou sur son quatre-roues. Le printemps venu, il ressent pourtant un élan irrésistible, celui de faire les sucres. Lui et son épouse Rolande Plante sont producteurs de sirop d’érable depuis… 53 ans.
« C’est une maladie », admet volontiers l’octogénaire, qui pense avoir commencé à faire les sucres vers l’âge de sept ou huit ans. À cette époque, pour se rendre aux érables et vider les chaudières, il utilisait un cheval. « C’était plus commode qu’un tracteur », lance-t-il.
Le 30 mars dernier, il s’attendait à une bonne coulée, ce qui devrait lui permettre de se rapprocher de sa production habituelle de 500 gallons. Ses 2 200 entailles avaient jusqu’alors produit 310 gallons.
L’acériculteur tente aujourd’hui de se rendre le plus utile possible. Il « runne la presse et surveille les cadrans ». À bord de son quatre-roues, il va aussi voir « au bout des lignes » pour détecter les fuites. De bons chemins lui permettent de circuler partout. Il n’a qu’à se pencher « pour passer sous les lignes ».
Rolande et son fils François se chargent maintenant du gros du travail. La sucrerie, achetée en 1964 de son père Fabien Bahl, a été l’une des premières au Québec à passer à la tubulure, pense Rolland. L’osmose a suivi plus tard.
« Ils sont équipés de 5 à 6 000 entailles, témoigne François. Ce qui prenait 10 à 12 heures autrefois se fait aujourd’hui en 2 h 30. »
« On n’a pas une grosse réguine, mais on est bien installés », se félicite Rolland.
Rolande reprend vite les deux hommes, disant que « c’est encore beaucoup de travail ». Elle note que « c’est collant » et qu’il faut toujours laver les bassins. Celle qui vient de passer le cap des 81 ans a de la difficulté à demeurer en place bien longtemps. D’un bond, elle va démarrer les pompes, répond à un client et court pour tenter de dégeler le tuyau principal avec un bidon d’eau chaude.
« Le sirop est beau cette année, témoigne Rolande. Quand il fait froid, il est toujours beau. Nous, on fait seulement du A. »
« Chaud, ajoute-t-elle, le sirop est toujours bon. Mais c’est quand il est froid qu’on peut y goûter vraiment. »
Membre de la coopérative Citadelle depuis 1972, le couple se fait aussi un devoir d’assister aux assemblées générales annuelles de son syndicat. En février dernier, il a même tenu à prendre part à l’examen périodique du plan conjoint des producteurs acéricoles par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, à Drummondville.
« Il faut que je sois bien pressé pour ne pas y aller et on y apprend toujours quelque chose », indique Rolland. Il se dit heureux de payer les 12 ¢/lb à la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, parce que « ça tient les prix ».
« C’est toujours payant d’aller là », renchérit Rolande, sous l’œil approbateur de son fils.