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SAINT-HYACINTHE — Pour le seul mois de janvier dernier, plus de 9 098 kg de matières grasses par jour, soit la production de l’équivalent d’environ 8 000 vaches n’ont pas été produits par les producteurs de lait du Québec. Ce constat fait dire au président des Producteurs de lait de Montérégie-Est, Yvon Boucher, que « le Québec est la seule province à ne pas produire son quota ».
Réunis en assemblée générale annuelle la semaine dernière, les producteurs de Montérégie-Est ont pris les grands moyens pour remédier à la situation. Ils ont voté majoritairement en faveur d’une résolution afin de louer le quota non produit et non reportable. Il s’agit de la limite en dessous de laquelle les producteurs ne doivent descendre. Environ 1100 fermes laitières étaient dans cette situation.
Le président régional Yvon Boucher a également fait remarquer que les journées supplémentaires émises certains mois trouvent difficilement preneurs. Au Québec, celles de l’automne 2016 ont été remplies à près de 35 %, comparativement à 50 % dans les Maritimes et en Ontario. Rappelons que des journées supplémentaires de production ont été offertes en mars et en avril pour pallier le manque de lait qui doit servir notamment à reconstituer les stocks de beurre. « Ce qui m’écœure, c’est qu’on est obligés d’importer du beurre quand des producteurs d’ici peuvent le produire », déplore M. Boucher.
Louer plutôt que perdre
La résolution adoptée en Montérégie-Est stipule que les quotas de lait non utilisés seront mis en location à un prix de 5 $/kg/jour.
« Le quota non reportable, précise Yvon Boucher, est comme perdu. On le mettrait en location le mois suivant et les producteurs capables de le produire miseraient dessus. Le quota provincial serait plus rempli et c’est un système simple à gérer. À la longue, ceux qui ne le produisent pas vont peut-être réaliser qu’ils feraient mieux de le vendre. Ce n’est pas péché mortel. »
Le président de Montérégie-Est a prévenu ses membres que « d’autres provinces se disent capables » de produire ce quota. « Elles ont réagi plus rapidement » à la croissance fulgurante des deux dernières années, où la demande de lait a augmenté de 24 % au total.
Président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre réagit avec prudence à cette résolution. Celle-ci sera d’ailleurs analysée sous peu en comité afin de savoir si elle sera présentée lors de l’assemblée annuelle de l’organisation en avril prochain.
« Il ne faut pas s’attendre à faire des miracles avec ça », a commenté Bruno Letendre, reconnaissant le droit de ses membres de revendiquer cette demande.
Cette résolution a trouvé écho en Abitibi-Témiscamingue où les délégués l’ont également adoptée à majorité, laissant toutefois le soin aux administrateurs d’en déterminer les modalités. « On vient donner un coup de main à celui qui traverse une période difficile [et qui ne peut produire toute son allocation de quota], déclare-t-il. Si un producteur peut louer du quota au lieu de payer des pénalités [pour le lait produit en trop], c’est également profitable », plaide le président des Producteurs de lait d’Abitibi-Témiscamingue, Gabriel Rancourt.
Ailleurs en province, au moins quatre régions ont rejeté cette résolution et quatre n’en ont pas discuté. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans la Capitale-Nationale–Côte-Nord, on envisageait notamment la vente de la partie inutilisée des quotas, mais avec une option de rachat, ou encore, la vente de crédits de tolérance entre producteurs.
Un volume historique La directrice de la recherche économique aux Producteurs de lait du Québec (PLQ), Geneviève Rainville, attire l’attention sur le fait que les fermes du Québec produisent maintenant 9,1 millions de litres de lait par jour, un volume historique. « Ça montre que les producteurs du Québec investissent et s’ajustent pour faire plus de lait. Je leur lève mon chapeau! » Tout de même, seulement 22 % des fermes québécoises ont été en mesure de participer aux journées additionnelles de production l’automne dernier. Le porte-parole des PLQ, François Dumontier, mentionne également que pour l’année laitière 2015-2016, le Québec a produit 99,77 % de son quota total, comparativement à l’Ontario qui en a produit 101,7 %. Pour 2016-2017, les PLQ prévoient que le Québec produira 101 % de son quota. « Ces légers dépassements servent à la reconstruction des stocks de beurre, ajoute-t-il. Autrement, nous viserions 100 %. » |
Avec la collaboration de Martin Ménard
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