Politique 9 mars 2017

Les agriculteurs se liguent contre Bernier

SAINT-HYACINTHE — Pour barrer la route de Maxime Bernier vers la chefferie, de nombreux agriculteurs du Québec signent volontiers ces jours-ci une carte de membre du Parti conservateur du Canada. Le 7 mars dernier à Saint-Hyacinthe, les candidats Andrew Scheer, député de Saskatchewan, et Steven Blaney, de Bellechasse au Québec, ont ainsi vu une cinquantaine de nouveaux membres grossir leurs rangs.

Martin Nichols, producteur de lait à La Présentation, était l’un des vendeurs de cartes lors de l’assemblée générale annuelle des Producteurs de lait de Montérégie-Est. Il mentionnait avoir intéressé une douzaine de ses confrères ayant été recrutés par le biais de Facebook par l’équipe d’Andrew Scheer.

« Quand on m’a approché, je me suis dit que si je pouvais vendre une carte à mon frère, je pourrais en vendre à n’importe qui », a-t-il confié.

La stratégie semble fonctionner puisqu’en deux mois, près de 8 000 personnes ont adhéré à un groupe Facebook du Parti conservateur pour défendre la gestion de l’offre. Choqués par les propos de Maxime « Mad Max » Bernier, candidat et député de Beauce qui veut abolir la gestion de l’offre, de nombreux agriculteurs ont l’intention de lui mettre des bâtons dans les roues. L’été dernier, trois syndicats de l’UPA de la Beauce ont payé une publicité dans les hebdos régionaux portant le titre : « Ne nous laissons pas berner! »

« Ça prend un chef de parti qui comprend la gestion de l’offre et qui ne sera pas une nuisance au système, qui fait que je mets du pain sur la table de ma famille », se justifie Martin Nichols. Père de trois enfants et commissaire scolaire, l’homme de 39 ans ne croyait pas qu’il allait un jour travailler en politique active. « Je n’ai pas le choix de m’impliquer, songe-t-il. Si on laisse aller les choses, quelqu’un va s’en occuper à notre place. »

Les candidats Scheer et Blaney ont eu l’occasion de prendre la parole en présence des producteurs de lait, le 7 mars dernier. Tous les deux ont renouvelé leur profession de foi en faveur de la gestion de l’offre. Devant les caméras de Radio-Canada, Steven Blaney a même affirmé qu’il s’était lancé dans la course en raison de « l’attaque frontale contre la gestion de l’offre ».

Habitués aux belles promesses des politiciens, quelques producteurs leur ont gentiment rappelé leurs trous de mémoire une fois qu’ils étaient élus et portés au pouvoir.

« Durant les dernières élections, ça faisait déjà un bout de temps qu’on parlait du lait diafiltré et le Parti conservateur était au courant », a notamment rappelé Philippe Swennen, un jeune producteur de Saint-Armand.