Alimentation 27 août 2014

Les restaurateurs prêts à se mettre à table

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Pour mettre davantage de produits du Québec dans leurs menus, les restaurateurs québécois sont prêts à se mettre à table et à parler des enjeux de souveraineté alimentaire.

«Nous sommes une vitrine exceptionnelle pour faire la promotion des produits des producteurs et transformateurs québécois, fait valoir François Meunier, vice-président, Affaires publiques et gouvernementales, de l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ). Ce sont nos restaurateurs qui ont fait découvrir des produits extrêmement populaires en épicerie, que ce soit des jarrets d’agneau ou du foie gras poêlé. Et c’est encore dans nos restaurants qu’on sert aux consommateurs les produits régionaux qui sont des outils de différenciation pour l’industrie touristique, notamment.»

Voilà pourquoi l’Association tient à « ajouter son grain de sel », selon les termes employés par François Meunier, pour alimenter la discussion en vue de l’adoption, ce printemps, de la politique agroalimentaire du ministre de l’Agriculture, François Gendron.

M. Meunier ne manque pas d’arguments pour faire la démonstration du poids économique que représente ce secteur d’activités, qui compte 20 000 restaurants, 200 000 employés, soit 40 % de la main d’œuvre bioalimentaire totale, et qui affiche des ventes annuelles de 10 G$.
« Nous sommes un maillon important de la chaîne et nous voulons avoir voix au chapitre, insiste-t-il. La souveraineté alimentaire, ça passe aussi par la santé économique et financière de l’industrie de la restauration. »

François Meunier a participé à la séance de travail convoquée par le ministre François Gendron, le 22 mars, en présence des 80 principaux acteurs de la filière agroalimentaire. Il a eu le temps de passer ses messages pendant les cinq minutes qui lui ont été allouées, au même titre que les autres intervenants de la filière.
« Nous avons été privilégiés de pouvoir donner notre point de vue, ce qui n’avait pas été le cas lors de la consultation sur le Livre vert, souligne le vice-président. Je me demande même si le mot “restaurant” était cité dans le dernier document. C’est positif pour nous de nous sentir concernés par les décisions qui seront prises par le gouvernement. »

Moyens à la disposition

François Meunier évite toutefois de conclure que la prochaine politique règlera tous les problèmes. Il veut bien participer à cet effort collectif, mais à la condition, dit-il, que le gouvernement « mette des moyens » à la disposition des restaurateurs pour faciliter la bonne marche de leur industrie.
« Nous sommes disposés à augmenter les achats locaux dans nos restaurants, soumet le vice-président de l’ARQ. Pour cela, nous avons besoin de sentir que le gouvernement est derrière nous. Il y a une pression à la hausse sur nos coûts d’exploitation; quand nous achetons des aliments du Québec pour satisfaire notre clientèle, il ne faut pas que ça se fasse au détriment de la rentabilité. »

Il précise : « On veut avoir accès à des programmes, être soutenus. Les restaurateurs sont des acheteurs importants de produits alimentaires québécois. » François Meunier rappelle que les restaurateurs auront des coûts à assumer, au cours des prochaines années, pour participer à l’effort de développement durable. « Par exemple, on va nous demander de disposer autrement des restes de table d’ici 2020, lors de la collecte des ordures (dans la Politique québécoise sur la gestion des matières résiduelles), soumet-il. Ça risque de nous compliquer la vie et de faire augmenter nos coûts, déjà élevés. »

Enfin, François Meunier convient que c’est par « la compréhension mutuelle » entre producteurs, transformateurs, distributeurs et restaurateurs que les efforts pour mettre plus de Québec dans l’assiette des Québécois, à la maison ou dans les restos, porteront leurs fruits.
« On y contribue », conclut-il.