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CHAMPLAIN — La scène s’est déroulée dans la grange de la Ferme J. Chartier et Fils, de Champlain en Mauricie, et avait de quoi surprendre. Une dizaine de personnes étaient debout sur le toit d’une remorque sur laquelle était inscrit en lettres majuscules : SIMULATEUR ESPACE CLOS – SAUVETAGE.
Il n’y avait pourtant pas d’opération de sauvetage en cours. Ces personnes, des agriculteurs et des employés de ferme, étaient là pour une formation sur les méthodes de travail sécuritaires à adopter dans les espaces clos comme les silos, les citernes et les fosses.
« Les accidents qui se sont produits au cours des derniers mois font réfléchir », explique Stéphanie Vaugeois, conseillère en matière de prévention à la Fédération de l’UPA de la Mauricie.
Mme Vaugeois a supervisé l’organisation du cours dispensé par l’entreprise Sauvetage L’Aranéa, de Sainte-Angèle-de-Prémont, spécialisée dans les interventions et la formation concernant le travail en hauteur et dans les espaces clos, principalement dans le secteur industriel.
Précédemment, les syndicats locaux Des Chenaux et Maskinongé en Mauricie avaient exprimé leur volonté de proposer cette formation à leurs membres. Son financement a été assumé par les fonds spéciaux de l’Union des producteurs agricoles et d’Agriconseils. Le cours a donc été offert gracieusement aux producteurs et à leur personnel.
Lors de la formation à Champlain, Jean Châteauneuf, un producteur de Batiscan, se trouvait sur le toit de la remorque. « On entend beaucoup parler d’accidents ces temps-ci. Je suis venu apprendre les bonnes méthodes de travail et connaître les équipements requis », a-t-il mentionné.
André Leblanc, de Sauvetage L’Aranéa, affirme que la formation offerte aux producteurs a été entièrement adaptée pour tenir compte des réalités du milieu agricole.
« Les producteurs et leurs employés travaillent dans des silos souvent remplis, dont l’accès en hauteur est difficile et d’où s’échappent des émanations de gaz d’ensilage. Il faut qu’ils soient conscients des risques », explique-t-il.
Certains ont de mauvaises habitudes de travail et d’autres manifestent un excès de confiance, même si leurs méthodes sont déficientes. « C’est notre rôle de faire prendre conscience des dangers », dit le formateur.
Il n’y a pas de « petits dangers »
Sur la remorque-simulateur, l’instructeur Jean-François Baribeau a donné ses consignes aux participants, qui ont enfilé leur harnais de sécurité pour la simulation d’une suspension dans le vide et dans le noir à l’intérieur d’une remorque.
« Ne laissez rien dans vos poches. Un simple 10 cents dans le fond de votre poche peut vous coûter la vie parce que sous l’effet de votre poids, il peut sectionner votre artère fémorale et vous allez vous vider de votre sang », a-t-il expliqué.
Faut-il s’étonner que pareille formation ne soit pas systématiquement offerte dans le milieu agricole?
M. Leblanc donne de nombreux cours en milieu industriel parce que les entreprises sont responsables de la sécurité de leurs employés. « Les producteurs et leurs employés ne savent pas qu’ils prennent des risques. Quand ils utilisent une simple corde pour s’attacher, elle peut les tuer advenant une chute. […] Les fermes sont maintenant des exploitations agricoles et les producteurs ont des responsabilités envers leurs effectifs », mentionne-t-il.
Claude Chartier, copropriétaire de la ferme hôte, a été ébranlé par ce qu’il a appris au cours de la journée.
« Je ne peux juste pas croire qu’on ne fasse pas plus attention aux dangers, a-t-il avoué. Je ne dois pas me tromper en disant que tous ceux qui ont participé à cette formation ont vécu une bad luck ou ont pris des risques, mais ils s’en sont tirés. Il ne faut pas attendre la fois où ça finit par une tragédie. »
Le producteur laitier a reconnu que les méthodes de travail utilisées dans sa ferme allaient changer. « Ce qu’on nous a dit sur les gaz lourds qui demeurent dans les silos même si on a ventilé, ça fait réfléchir. Juste se mettre la tête dans l’ouverture peut être mortel. »
L’agriculteur est déterminé à acquérir les équipements nécessaires pour assurer la sécurité du personnel de la ferme : un harnais, des masques à gaz et un détecteur de gaz qu’il pourrait partager avec d’autres producteurs du secteur.
Ainsi, des vies pourront possiblement être sauvées.