Politique 5 septembre 2014

Des chômeurs dans les champs?

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Les chômeurs et les bénéficiaires de l’aide sociale pourraient bientôt prendre la clé des champs, pour cultiver l’art du travail.

« On ne sait trop où le gouvernement Harper s’en va avec ça, mais nous, on a des interrogations à 100 milles à l’heure! », a confié à la Terre le président de la Fondation des Entreprises en Recrutement de Main-d’oeuvre agricole Étrangère (FERME), Nunzio Notaro.

Il réagissait à chaud à l’intention manifestée par Ottawa, mercredi, d’apporter des modifications au Programme des travailleurs étrangers temporaires, dans le but, selon la version officielle, de le rendre « plus efficace et plus souple ».

Sous prétexte de redonner du travail aux chômeurs, le gouvernement tory pourrait freiner l’arrivée de travailleurs étrangers, craint le président de FERME, sans toutefois avoir toutes les données entre les mains pour se faire une idée claire et précise.

Décoder le message

Dans le monde agricole, on tente de décoder le message qui sous-tend cette réforme gouvernementale. Ottawa souhaite-t-il réduire le nombre de travailleurs étrangers dans les champs? Veut-il au contraire réduire ses programmes de prestation pour les sans-emploi tout en leur donnant mauvaise presse dans l’opinion publique? « Une chose est certaine : on ne peut forcer quelqu’un à travailler », tranche Nunzio Notaro.

Il ne cache pas son inquiétude. « Si le ministre nous apprenait demain matin, par exemple, qu’il s’apprête à réduire de moitié le nombre de travailleurs étrangers – et qu’il faudra combler ce manque à gagner avec les travailleurs en chômage -, qu’est-ce qui risque d’arriver? Où pourra-t-on trouver des travailleurs locaux? La réalité, c’est qu’on n’en a pas, des chômeurs locaux prêts à venir travailler », insiste le président de FERME et lui-même producteur maraîcher à Sherrington.

8 000 travailleurs étrangers

Il apparaît clair, toutefois, qu’Ottawa veut « privilégier » la main d’œuvre locale. « Notre gouvernement examine des façons de s’assurer que les entreprises recrutent au sein de la main d’œuvre intérieure avant d’embaucher des travailleurs étrangers temporaires », a déclaré la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, Diane Finley.

Au Québec, un peu plus de 8 000 travailleurs étrangers quittent leur pays d’origine – dans les Antilles, le Guatemala, le Honduras – pour venir travailler sur les fermes québécoises. En Ontario, ils sont plus de 20 000 à vivre loin de leur famille pour gagner de l’argent pour leur famille.