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Le vol d’ifs du Canada et leur cueillette illégale se poursuivent toujours au Québec, mais les efforts de surveillance portent fruit : huit cueilleurs non autorisés ont été officiellement condamnés et quatre autres devront bientôt rendre compte de leurs actes devant les tribunaux.
Les contrevenants reçoivent une amende minimale de 481 $, mais l’aspect dissuasif va au-delà de celle-ci, puisque plusieurs cueilleurs non autorisés bénéficient de prestations d’aide sociale ou de rentes de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). De plus, étant donné qu’il y a de nombreuses transactions en argent comptant effectuées par les postes d’achat d’ifs, Revenu Québec s’intéresse au dossier de cueilleurs qui font l’objet d’accusations.
Pillage massif
Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) estime que 150 tonnes de ce conifère ont été pillées par les cueilleurs non autorisés encore cette année, seulement au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
La forêt publique se fait piller et la forêt privée se fait voler. En d’autres mots, tout le monde est concerné par le marché noir d’ifs. « Des propriétaires nous ont contactés en nous disant avoir aperçu des gens qui coupaient des ifs sur leur propriété, la plupart du temps de nuit », révèle Jean Tremblay, directeur du Syndicat des producteurs de bois du Saguenay–Lac-Saint-Jean. M. Tremblay invite les producteurs à dénoncer le vol d’ifs à la Sûreté du Québec. « C’est comme se faire voler du bois rond », mentionne-t-il, ajoutant qu’il s’agit aussi dans ce cas d’une introduction par effraction sur une propriété privée. La cueillette illégale touche ainsi plusieurs régions du Québec.
Une molécule très prisée
Il faut comprendre que l’if est une matière première très prisée par des entreprises pharmaceutiques, qui utilisent l’une de ses molécules dans le traitement de divers cancers. Puisqu’il n’y a pas d’usine de transformation de l’if en activité au Québec, le gouvernement provincial interdit la récolte des tiges de cet arbuste sur les terres de la couronne. Ce règlement vise à empêcher les pilleurs d’envoyer la matière se faire transformer ailleurs comme c’est le cas actuellement.
La Terre a obtenu de diverses sources des photos de postes d’achats en activité où étaient amassés d’immenses sacs remplis d’ifs, dont certains estampillés au nom de Chatham Biotec. Cette compagnie du Nouveau-Brunswick est soupçonnée par le MFFP, les syndicats de producteurs de bois et de nombreux intervenants d’acheter des ifs cueillis illégalement dans les forêts du Québec.
« Plusieurs cueilleurs non autorisés se foutent de la pérennité de l’if et des bonnes pratiques de cueillette. Il y a des endroits à Lamarche [à l’est d’Alma] où les arbustes sont littéralement rasés. Les ifs ne repousseront plus là-bas », se désole une source.
Économiquement parlant, le pillage a aussi des conséquences. « Il y avait un projet de transformation de l’if dans la région. Un projet créateur d’emplois. Mais les activités ont cessé, car la concurrence déloyale de la cueillette illégale d’ifs a empêché l’entreprise de fournir les volumes commandés dans les délais », explique Catherine Thibeault, conseillère en communication au MFFP pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Les autorités invitent le public à dénoncer confidentiellement les cueilleurs non autorisés en soumettant la description des individus, les numéros de plaque d’immatriculation, etc. « On a besoin de preuves solides », souligne Catherine Thibault.
Voici quelques personnes reconnues coupables d’avoir récolté des arbustes sans permis d’intervention lors des deux dernières années. Les premières sont du Saguenay–Lac-Saint-Jean :
Denis Bouchard
Benoit Landry
Jean-Pierre Landry
Alexandre Leblanc
Robert Bouchard
Sylvie Girard
Jules Lyna
Dave Caron (Bas-Saint-Laurent)