Actualités 7 septembre 2016

Lait diafiltré : Ottawa accusé de « niaisage constant »

MIRABEL — Le Bloc québécois, les Producteurs de lait d’Outaouais-Laurentides et l’ex-producteur Réal Brière dénoncent fermement le « laxisme » d’Ottawa, qui risque selon eux de miner la gestion de l’offre.

« Si seulement le gouvernement se tenait debout, il appliquerait les règles », a affirmé Rhéal Fortin, chef du Bloc québécois, qui accuse même Ottawa de « niaisage constant » dans ce dossier. Le député estime que le gouvernement libéral pourrait agir dès maintenant et qu’il ne doit pas craindre une éventuelle réaction négative des Américains si le Canada réaffirmait sa souveraineté à la frontière. « Les Américains jouent leur jeu, mais un pays doit pouvoir s’alimenter », estime l’élu du Bloc.

Le fédéral semble miser énormément sur l’entente entre les transformateurs laitiers et les producteurs. Celle-ci doit faire en sorte que les surplus soient gérés par les industriels; elle permet aussi à ces derniers d’accéder au prix mondial pour une partie du lait destiné à la transformation. Il n’y aurait donc plus d’incitatif à acheter du lait diafiltré américain. « Sauf si c’est pour mettre à mort la gestion de l’offre », fait valoir Réal Brière, ex-producteur de lait qui a vendu son troupeau le 1er août et qui compte bientôt louer ses terres. M. Brière estime que Lactalis (Parmalat) a joué un rôle actif dans la fin de la gestion de l’offre en Europe et que l’entreprise pourrait bien avoir le même objectif au Canada.

« Dans n’importe quelle entente, il faut des règles pour éviter qu’elle soit contournée », mentionne Réal Gauthier, président des Producteurs de lait d’Outaouais-Laurentides. Il ajoute que sans surveillance active de ces règles, il risque d’y avoir des joueurs qui dépassent les limites, comme celle qui concerne le maximum de protéines concentrées dans la fabrication du fromage.

Notons que Réal Brière a pris la décision de quitter la production après avoir été dans l’obligation de réinvestir de l’argent pour maintenir son entreprise à flot l’an dernier. L’ex-producteur se consacrera à l’enseignement de l’agriculture et il demeure solidaire des producteurs de lait. Ses propres frères sont toujours dans ce secteur.