Caravane de lait'espoir, départ de Bécancour vers Ottawa en tracteur, Claude Chartier, Gabriel Belzile, Maxime Poirier, Jean-Daniel Scheurer, Bruno Cyr, Bernard Leblond
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BÉCANCOUR — Alain Hébert avait des fourmis dans les jambes ce matin. Le président de la Fromagerie L’Ancêtre de Bécancour aurait bien aimé prendre le volant d’un tracteur de la caravane de Lait’espoir. Partie de Québec lundi, celle-ci doit atteindre Ottawa jeudi après-midi pour manifester contre les importations de lait diafiltré.
« Avec ce lait diafiltré, on se fait tasser dans le coin. Pour nous, les petits fromagers, c’est une compétition déloyale », témoigne Alain Hébert. Celui-ci explique qu’il ne peut rivaliser avec les « grosses boîtes » comme Saputo et Parmalat qui utilisent les protéines liquides provenant des États-Unis.
Alain Hébert est aussi producteur de lait biologique dans la paroisse voisine de Saint-Léonard-d’Aston. La Fromagerie l’Ancêtre, qui transforme plus de 7 millions de litres de lait biologique par année, célèbre cette année son 25e anniversaire. Le président se souvient aujourd’hui de la crise du fromage au lait cru qui prévalait au moment de la construction de la fromagerie.
« Je ne pensais pas revivre ça », confie-t-il, notant que plus de la moitié de la production de la fromagerie est aujourd’hui exportée en Colombie-Britannique.
Pompier
Claude Chartier et Jean-Daniel Scheurer, producteurs de lait à Champlain et à Saint-Pie-de-Guire, étaient heureux de se joindre à la caravane de Lait’espoir au volant de leur tracteur. Avec son fils, Mathieu, et son gendre, Jocelyn, sa relève, Claude Chartier avait travaillé la veille pour installer une sirène de pompier sur son tracteur. Celle-ci avait été empruntée d’un ancien camion de la municipalité de Champlain.
« Le lait diafiltré m’a fait perdre 42 000 $ l’an dernier, témoigne-t-il. Avec les prochains accords de libre-échange avec l’Europe et l’Asie, ça va grimper à 77 000 $. »
Le producteur de lait de Champlain prenait cette caravane vers Ottawa comme un défi personnel qui va bien paraître « dans mon CV », a-t-il lancé à la blague.
À une vitesse de 30 km/h, le convoi a parcouru un peu plus de 100 km dans la journée de lundi. Arrivé vers 18 h à Bécancour, il a repris la route ce matin vers 9 h 30. Aucun pépin n’a été signalé sur la route, les conducteurs notant la compréhension du public à leur endroit.