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Certains producteurs cultivent littéralement sur un tapis de cailloux qu’il faut ramasser chaque printemps. Une tâche qui demeure sans contredit l’une des plus ardues et les plus ingrates, tous métiers confondus.
S’il ne ramasse plus qu’une vingtaine de remorques de roches par année, Pierre-Maurice Gagnon a le sentiment d’avoir vaincu une mer de roches. En effet, lui et les siens avaient l’habitude de faire 150 « voyages » en moyenne. « Dans les années 1960, nous ramassions des roches six jours par semaine, durant un mois et demi de temps. C’était toujours pareil : nous dérochions un bout de champ le jour, après nous passions la herse et semions sous les lumières du tracteur. Le lendemain, nous recommencions un autre bout de champ. Crois-moi, fallait être fait fort! » relate M. Gagnon, installé près de La Baie au Saguenay.
Des coriaces!
Les Gagnon font partie de ces agriculteurs coriaces qui n’ont jamais abandonné en dépit des conditions difficiles. M. Gagnon raconte que dans les années 1930, le gouvernement offrait des lots d’une centaine d’acres pour coloniser la deuxième couronne du territoire. Les plus belles terres ayant déjà été attribuées lors de la première étape de colonisation, celles de la deuxième couronne se révélaient moins invitantes, avec un relief plus accidenté et des roches. Beaucoup de roches. Au fil des ans, certains colons et leurs descendants ont abandonné, exaspérés de devoir se pencher pendant d’innombrables heures chaque printemps pour ramasser les pierres.
« J’aime dérocher »
La neige ayant finalement lâché prise dans sa région, Pierre-Maurice Gagnon a hâte d’entreprendre « l’érochement » de ses champs dans les prochains jours. « J’aime le travail et honnêtement, j’aime dérocher. Mais quand j’entends un agriculteur dire qu’il a déroché avec son quatre-roues, je ne peux m’empêcher de lui répondre qu’il ne sait pas ce que signifie “ramasser des roches”. Je lui donne en exemple l’année où nous avons ramassé 200 voyages de roches avec notre remorque mesurant 8 pieds par 14! » dit M. Gagnon, sourire en coin.