Actualités 22 avril 2016

Une motion pour en finir avec le lait diafiltré

La députée du Nouveau Parti démocratique Ruth Ellen Brosseau a déposé hier une motion au parlement fédéral qui demande notamment aux députés de « faire respecter dès maintenant les normes de composition fromagères à tous les transformateurs canadiens ».

La députée a été soutenue par plusieurs producteurs venus l’appuyer lors d’une déclaration à l’extérieur du parlement et dans les gradins de la Chambre des communes.

La motion, qui sera votée le 3 mai, demande aussi à la Chambre de reconnaître les pertes économiques des producteurs de lait (220 M$ par année) et de reconnaître que chaque jour d’inaction du gouvernement contribue à la disparition de fermes familiales. La motion affirme aussi que toutes les composantes de l’industrie parlent d’une seule voix et « exigent que le problème soit réglé immédiatement ».

Un long débat entre les députés a suivi le dépôt de la motion. « Le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire englobe aussi les transformateurs. Les décisions que nous devons prendre doivent donc représenter la filière. C’est une question de temps. Je sais que le temps presse, mais nous sommes à discuter avec l’industrie et les producteurs. Les producteurs sont même à discuter avec l’industrie. Une fois que les discussions seront terminées, nous verrons de quelle façon nous pourrons donner des ordres clairs pour que cela soit appliqué », a répondu Jean-Claude Poissant, secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture, qui répondait au nom du ministre.

 « Nous n’en avons pas besoin [du lait diafiltré]. Pourquoi? C’est parce qu’il y a au Canada une abondance de lait écrémé à partir duquel nous pourrions produire ces ingrédients. Si le gouvernement décidait de contrôler l’utilisation de ces ingrédients, nous les produirions au pays, à un prix concurrentiel, et nous les utiliserions. Nous n’avons nul besoin de ces importations », a déclaré Jacques Gourde, député conservateur, dans une longue explication qui préconise une solution à la frontière.

Le Bloc québécois estime pour sa part que si le fédéral laisse entrer le lait diafiltré et ne renforce par la norme fromagère, cela fait le jeu de la grande industrie dans les négociations. « Il s’agit d’un manque de volonté flagrant [du gouvernement libéral]. Pourquoi est-ce ainsi? On sait que ceux qui profitent du lait diafiltré sont les grands transformateurs, comme Parmalat et Saputo », analyse Gabriel Sainte-Marie, député du Bloc québécois.