Actualités 12 avril 2016

Facile de régler les importations de lait diafiltré

MONTRÉAL — « C’est facile à régler. Des familles en souffrent. »

Le président de l’UPA, Marcel Groleau, résume ainsi le dilemme du lait diafiltré. L’an dernier, les producteurs de lait canadiens ont perdu la rondelette somme de 220 M$ en raison de l’importation de ces protéines laitières utilisées pour fabriquer des fromages.

En conférence de presse ce matin à Montréal, les membres d’un front commun de l’industrie laitière ont exhorté Ottawa à faire respecter les règles canadiennes. Le ministre de l’Agriculture du Québec, Pierre Paradis, a relaté avoir rencontré son vis-à-vis fédéral à deux reprises à ce sujet depuis janvier. « Le fédéral doit juste appliquer ses règles et se coller au plancher des vaches », a insisté Pierre Paradis. Celui-ci a expliqué que quatre ministères fédéraux étaient concernés et que le dossier était maintenant parvenu au bureau de Justin Trudeau.

« Il relève du premier ministre de prendre la décision », a indiqué Pierre Paradis, visiblement agacé par la lenteur d’Ottawa à agir. En réponse à une question de la Terre, celui-ci a révélé que le sujet avait été discuté à la table du conseil des ministres à Québec. Le gouvernement du Québec, a-t-il ajouté, donne donc son appui entier à l’industrie laitière. Il ne pouvait préciser si le premier ministre Philippe Couillard avait personnellement abordé la question avec son homologue fédéral.

Le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, est pour sa part d’avis que le lait diafiltré met à risque la contribution importante du secteur laitier à l’économie canadienne. « Les producteurs de lait paient des taxes et je n’en connais pas qui ont des Panama papers », a-t-il raillé. Pressé de questions par les journalistes sur la solution, ce dernier a indiqué clairement que « le problème, c’est le laxisme du fédéral ». Il a aussi invité les journalistes à demander à Saputo et à Parmalat pourquoi ces multinationales utilisaient du lait diafiltré.

Chez les transformateurs, Agropur soutient sans équivoque la position des producteurs de lait du Québec. Le président de la coopérative, Serge Riendeau, dénonce la « double personnalité » du lait diafiltré. Celui-ci, a-t-il expliqué, est considéré comme un ingrédient aux frontières par l’Agence des services frontaliers et comme du lait par l’Agence canadienne d’inspection des aliments, une fois rendu aux usines. « Cette incohérence doit être réglée », plaide Serge Riendeau, reconnaissant qu’Agropur se doit d’utiliser le lait diafiltré pour demeurer compétitive.

Le président des Producteurs de lait du Canada, Wally Smith, a tenu à donner son soutien au front commun. « Ce n’est pas juste un problème pour le Québec », a-t-il déclaré.

Autres détails dans la prochaine édition de la Terre.