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MONT-SAINT-HILAIRE — Le ministère de l’Environnement a utilisé des chiffres « qui ne sont pas les bons » dans son rapport intitulé Présence de pesticides dans l’eau au Québec, assure CropLife Canada, une association commerciale qui représente les manufacturiers, développeurs et distributeurs des technologies de la phytologie.
Rappelons que le rapport du ministère déposé le 20 août avait soulevé un tollé dans les médias en indiquant des dépassements majeurs de critères de qualité de l’eau en raison de l’utilisation de pesticides, les critères de qualité ayant été dépassés dans près de 100 % des échantillons d’eau de certaines rivières.
CropLife a demandé à Laurent Lagadic, un expert européen en écotoxicologie travaillant pour Bayer, d’évaluer le rapport du ministère. Conclusion de M. Lagadic : la valeur du critère de vie aquatique chronique (CVAC) de 0,0083 µg/L employé par le ministère est excessivement basse et l’utilisation de cette valeur est injustifiée.
Le critère de vie aquatique chronique est la concentration la plus élevée d’une substance qui ne produira aucun effet néfaste sur les organismes aquatiques lorsqu’ils y sont exposés quotidiennement. Or, CropLife et son expert affirment que le CVAC choisi par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques vient complètement changer le portrait de l’impact des pesticides dans les rivières du Québec.
« Le ministère a excessivement rabaissé le CVAC pour les néonicotinoïdes. S’il avait conservé les mêmes valeurs qu’avant […], nous n’aurions pas assisté à une hausse drastique des fréquences de dépassement, mais à une baisse », a expliqué Pierre Petelle, vice-président, chimie à CropLife Canada, lors du cocktail dînatoire annuel de l’Association des négociants en céréales du Québec, le 11 janvier dernier. « En vérité, le gouvernement du Québec a choisi le CVAC le plus bas qui existe dans la littérature scientifique, provenant d’une étude réalisée aux Pays-Bas dont l’auteur, un scientifique que M. Lagadic connaît bien, n’a pas été en mesure d’obtenir les mêmes résultats pendant trois répétitions », ajoute M. Petelle.
Le temps presse
Les résultats du rapport du ministère sont lourds de conséquences puisqu’ils justifient en partie la réglementation qu’imposera bientôt Québec pour restreindre significativement l’utilisation à la ferme des néonicotinoïdes et des pesticides les plus à risque. Le représentant de CropLife ne nie pas le problème que représentent les pesticides dans les eaux de nos rivières.
Il somme cependant le gouvernement d’utiliser des valeurs « réalistes », et ce, avant de définir sa stratégie québécoise sur les pesticides. « Les élus vont se fier à ces données pour prendre des décisions réglementaires qui affecteront ensuite les producteurs et toute l’industrie. Ce n’est pas correct si les chiffres qu’ils utilisent ne sont pas conformes », dénonce M. Petelle.
La Terre a demandé sa version des faits au ministère de l’Environnement, qui n’a toujours pas répondu.
Plus de détails dans la Terre de la semaine prochaine.