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Dans la vie, il y a ceux qui aiment parler d’environnement et ceux qui proposent des solutions.
L’agronome Denis Cyr a décidé de consacrer temps, argent et énergie à un projet voué à un avenir prometteur : la valorisation de la biomasse.
Mais il ne fait pas qu’en parler : il est déjà sur le terrain pour assurer la promotion d’un système de chauffage – le biofour – qu’il dit révolutionnaire. Cette chaudière industrielle permet à ses utilisateurs de réduire « de 60 à 90 % » les dépenses énergétiques. Un premier producteur avicole de la région de Lanaudière (Bio-Œuf) chauffe ses installations depuis novembre 2010 avec cette chaudière grand format.
Concrètement, le biofour constitue une technologie d’avant-garde qui combine une chaudière et une chambre de postcombustion d’une puissance oscillant entre 10 et 300 chevaux-vapeur. La chaudière offre la possibilité de produire de l’énergie pour le chauffage, d’incinérer des rebuts de toutes sortes et de détruire les gaz nocifs dans la chambre de postcombustion, laquelle atteint plus de 1000 degrés Celsius.
Le projet de chaudière-incinérateur a reçu, en février 2011, une aide financière d’environ 304000$ de l’Agence de l’efficacité énergétique. Cette aide est venue s’ajouter à une contribution de
25 000 $ dans le cadre du programme d’appui à la commercialisation agricole mis en place par le CDAQ. « Nous avons le vent dans les voiles. Nous prévoyons livrer et installer une vingtaine de fours à biomasse au cours de 2011. Mais nous pourrions accomplir davantage. Le téléphone ne dérougit pas. Nous recevons des demandes provenant de partout au Québec », constate Denis Cyr, sous l’œil approbateur de son partenaire et copropriétaire Michel Collerette et de sa fille Marilou, qui s’occupe du marketing. À ce rythme, l’entreprise affichera des ventes de 4 M$ en 2011 et de 6 M$ en 2012.
Denis Cyr soutient que le biofour pourrait devenir une alternative aux coûteux systèmes de chauffage au gaz propane énergivores que l’on retrouve notamment dans les porcheries et les serres agricoles. « La tendance est là et elle est forte : les énergies vertes sont appelées à prendre le dessus, et ce, assez rapidement, dans un effort pour réduire les gaz à effet de serre (GES). N’oublions pas que 4000 tonnes de biomasse équivalent à environ 1,6 million de litres de mazout. En termes financiers, passer du mazout léger (à 0,79 $ le litre) à la biomasse forestière (à 40 $ la tonne) peut diminuer la facture en énergie de 86 % annuellement », calcule-t-il.
Retour sur l’investissement
L’agronome et homme d’affaires soutient que le biofour – dont le prix de vente varie de 150 000 $ à 400 000 $ – se rentabilise très rapidement. Selon lui, il faut compter quatre ans et demi, en moyenne, pour obtenir un retour sur l’investissement. C’est l’un de ses arguments de vente, mais ce n’est pas le seul. Denis Cyr croit que l’utilisation de ce four contribuera à améliorer la qualité de l’air dans nos villes et nos villages, étant donné qu’il ne dégage que très peu de résidus dans l’atmosphère. «Les normes pour les chaudières à biomasse forestière s’établissent à 600 milligrammes de particules en suspension, tandis que notre chaudière n’en rejette que 18 milligrammes», explique-t-il.
Ce n’est pas le seul avantage, toujours selon les prétentions de l’agronome : il y a aussi toutes les utilisations que l’on peut en faire et tous les bénéfices que peuvent en retirer ceux qui seront appelés à fournir la « matière première ». «Je connais plusieurs propriétaires de scieries qui vont y trouver un nouveau marché. Ils pourront fournir les copeaux et les granules, plutôt que les vendre à faible prix aux États-Unis. Ce sera un débouché intéressant pour eux », dit-il.
Si l’on demande à l’agronome verbomoteur ce qui l’a amené à concevoir un tel projet, il se lance dans une série d’explications. Il se dit, bien sûr, passionné par tout ce qui touche la biomasse. Mais sa passion va bien au-delà de la « mécanique ». Il se dit aussi préoccupé par le sort réservé aux producteurs agricoles qui doivent, affirme-t-il, trouver les moyens de rentabiliser leur ferme. Il n’ignore pas qu’un nombre préoccupant de producteurs abandonnent leurs activités pour des raisons de non-rentabilité. Il rappelle que les coûts de chauffage peuvent atteindre, dans plusieurs cas, de 50 000 à 100 000 $ par année pour faire fonctionner une production agricole.
Denis Cyr souhaite également que les producteurs qui feront le choix du biofour n’aient plus à « enterrer leurs bêtes mortes » au fond du champ parce qu’ils n’ont pas les moyens de les faire incinérer à grands frais. Il se désole de voir des producteurs creuser des fosses pour y disposer les carcasses animales. «Je crois sincèrement qu’on peut faire mieux», conclut-il.