Politique 17 août 2015

Les récoltes avant les élections

SAINT-CONSTANT — Les producteurs agricoles de La Prairie s’activent ces jours-ci autour de leur machinerie. Ils s’inquiètent des récoltes à venir, accordant peu d’attention aux discours politiques.

Seules de rares pancartes du Nouveau parti démocratique (NPD) et du Parti libéral du Canada (PLC) indiquent la tenue prochaine d’un scrutin général au pays. La Terre a effectué une tournée de la toute nouvelle circonscription de La Prairie mercredi dernier afin de prendre le pouls des agriculteurs.

« On est accotés dans l’ouvrage », témoigne Philippe Delattre, un représentant de machinerie agricole. Il était en train de livrer une niveleuse de sol à un producteur de Saint-Mathieu, Stéphane Robert. Celui-ci était impatient de mettre son nouvel équipement à l’épreuve sur ses 2 000 acres en culture, lâchant à la course qu’il n’attend rien de la campagne électorale.  

Michel Provost et son fils Mathieu sont producteurs d’œufs et de grandes cultures à Saint-Constant. Ils pensent que plusieurs petits agriculteurs pourraient disparaître si la gestion de l’offre était sacrifiée. Michel croit que le candidat libéral, un producteur laitier, est bien placé pour comprendre l’importance capitale de la gestion de l’offre. Il déplore toutefois le manque d’expérience du chef libéral.

« Trudeau n’est pas mon homme, admet-il, même si c’est son père qui a permis d’avoir la gestion de l’offre. Des petites pancartes sur le bord de la rue, ce n’est pas assez agressif. On devrait domper des voyages dans la rue et là on va en entendre parler. »

« Mon chum qui n’est pas en agriculture n’est même pas au courant de la gestion de l’offre », ajoute son fils, Mathieu.

Ce candidat, c’est Jean-Claude Poissant. Déjà bien à l’œuvre dans son local de campagne en bordure de la 132 à Sainte-Catherine, il se dit l’auteur de la plateforme libérale en agriculture. S’il est élu, il entend porter le message de détresse des agriculteurs à Ottawa.

« Je veux parler de la condition de vie des agriculteurs », dit celui qui a été président de l’organisme Au cœur des familles agricoles.

« Est-ce qu’on veut se retrouver comme en France où il y a un suicide d’agriculteur aux deux jours? » demande-t-il.

Steve Philie, producteur de maïs et de soya, confesse à regret que la politique lui importe peu.  

« Un ou l’autre, soupire-t-il, c’est la même affaire et il n’y aura pas grand changement. »   

Mario Bush, un camionneur, s’affaire ces jours-ci à vider les silos de grains en prévision de la prochaine récolte. S’il est rare pour lui de discuter politique avec les producteurs pour ne pas froisser les « différentes opinions », il constate le peu d’intérêt suscité jusqu’ici par la campagne chez les agriculteurs.

Monique Garand veille pour sa part au comptoir de son kiosque de fruits et légumes à Saint-Constant. Avec ses fils Steve et Éric, elle cultive notamment des bleuets. Elle promet de voter pour « celui qui va apporter quelque chose aux agriculteurs », regrettant le peu d’écoute des gouvernements.

« J’aimerais être capable de léguer la ferme aux enfants, confie-t-elle. Pourquoi devrais-je leur vendre alors qu’ils ont travaillé fort autant que moi? Ça fait 22 ans et on n’a pas trop mal réussi. On s’est serré les coudes et on a passé au travers. »

Autres candidats

Au moment de la visite de la Terre à La Prairie, le Bloc québécois n’avait toujours pas de candidat. Le choix devait s’effectuer entre Christian Picard et Barbara Joanet le lundi 17 août au cours d’une assemblée d’investiture.

Au Parti conservateur du Canada (PCC), le candidat Yves Perras n’avait pas encore installé ses pancartes mercredi dernier et devait ouvrir son local de campagne incessamment. Joint au téléphone, celui-ci a indiqué que les demandes d’entrevue devaient d’abord passer par les relations publiques du parti. Un représentant du PCC a par la suite accordé une entrevue à Albert De Martin, un agriculteur, candidat dans Salaberry-Suroît. Celui-ci a été député provincial d’Huntingdon sous la bannière de l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont en 2007.

Le NPD est pour sa part représenté par Pierre Chicoine. Celui-ci a déjà installé plusieurs pancartes électorales, dont quelques-unes du chef Thomas Mulcair. Dans un échange de courriels, celui-ci écrit pouvoir s’entretenir avec la Terre après l’heure de tombée.

Enfin, le Parti vert se cherchait toujours désespérément un candidat dans La Prairie.

« Ça ne vous tenterait pas? » a demandé un porte-parole au journaliste.