Politique 9 juin 2015

Jacques Parizeau était sensible à l’agriculture

Au moment où l’ancien premier ministre du Québec est porté à son dernier repos, le monde agricole se souvient de la contribution de Jacques Parizeau.

Deux anciens présidents de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Jacques Proulx et Laurent Pellerin, de même que le président actuel, Marcel Groleau, témoignent de la vision de l’agriculture de « Monsieur ».

« Il avait une sensibilité pour l’agriculture; il était très à l’écoute », affirme l’ancien président de l’UPA, Laurent Pellerin, qui l’a côtoyé. Celui-ci se souvient bien de la prestance du politicien, de « l’homme impressionnant » qui méritait bien son surnom.

Ça a toujours été très agréable et extrêmement poli, confie Laurent Pellerin en entrevue téléphonique. Quand on le rencontrait, il y avait toujours un décorum, un protocole. C’était sérieux et serré.

Au moment de le présenter au Congrès de l’UPA en 1995, Laurent Pellerin avait rappelé son « préjugé favorable » envers l’agriculture à titre de ministre des Finances, puis « son intervention personnelle » comme premier ministre dans le dossier du statut de producteur agricole.

Jacques Proulx, président de l’UPA au moment des États généraux du monde rural en 1991, convient que Jacques Parizeau figure sûrement au rang des 20 grands bâtisseurs du Québec.

Sa force, c’était de permettre à la population de s’approprier des changements, déclare-t-il à la Terre.

Marcel Groleau, actuel président de l’UPA, a pour sa part offert ses condoléances à la famille du disparu, reconnaissant qu’il s’agit d’un « homme d’État qui a consacré sa vie à l’épanouissement du peuple québécois ».

Libre-échange

À titre de chef de l’opposition officielle, Jacques Parizeau mettait aussi les agriculteurs en garde contre la position d’Ottawa dans la libéralisation des échanges commerciaux.

L’agriculture sera toujours placée dans une catégorie à part. Il faut y faire attention, recommandait-il à son successeur en décembre 1995.  

En 1989, dans la foulée des premières négociations du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) pour l’instauration d’un traité de libre-échange, aujourd’hui sous l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), il concluait qu’Ottawa allait sacrifier l’agriculture du Canada central pour celle de l’Ouest.

« C’est un péril mortel pour l’agriculture québécoise qui se prépare », prévenait-il à l’époque.

Après René Lévesque en 1976, Jacques Parizeau a été le seul autre premier ministre du Québec en exercice à se présenter devant le Congrès de l’UPA. En décembre 1995, peu avant de quitter son poste à la suite du douloureux échec du référendum, il avait reçu une ovation debout des congressistes.