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LANORAIE — Mercredi matin, 10 h. Le soleil de la mi-avril réchauffe la terre sablonneuse du rang Saint-François.
C’est sur cette terre, à proximité de l’autoroute 40, que vont pousser cet été, comme tous les étés depuis des décennies, des pommes de terre destinées aux marchés du Québec et du Nord-Est américain.
C’est là, également, que TransCanada Pipelines aimerait faire passer ses tuyaux « de 4 pieds de profondeur et de 4 pieds de diamètre » avec son controversé projet Énergie Est.
« Mais moi, c’est clair, je n’en veux pas, de pipeline, sur mes terres! » prévient Réjean Beauparlant.
Le producteur de pommes de terre a décidé de se battre pour empêcher « cette compagnie de l’Ouest canadien » d’acheminer son pétrole brut de l’Alberta et de la Saskatchewan vers l’est du Canada.
Le tracé proposé – qui fait l’objet de vives contestations – traverserait quatre MRC dans Lanaudière, sur une centaine de kilomètres. Les propriétaires de tourbières et de terres agricoles devraient apprendre à vivre avec ces nouvelles contraintes environnementales.
Protéger la terre et l’eau
Le producteur et propriétaire de la Ferme Beauparlant, sur le rang Saint-François, a décidé de monter au créneau « parce que, dit-il, je tiens à protéger la terre et nos terres ».
« Si la compagnie allait de l’avant avec son projet, s’inquiète-t-il, il y aurait des tuyaux transportant du pétrole de sables bitumineux sur deux kilomètres, sur mes terres. Qu’est-ce qui arrivera si du pétrole s’échappe des tuyaux? Qu’est-ce qu’il adviendra de la nappe phréatique, de mon eau? »
Réjean Beauparlant s’interrompt. Visiblement, il ne veut pas envisager ce scénario catastrophe. Pas plus que son fils Jean-Christophe, 21 ans, qui fait partie de la relève familiale.
« L’eau, c’est une ressource dont on prend soin depuis toujours, insiste-t-il. Avant moi, mon grand-père William et mon père Gaspar ont toujours cultivé la terre avec respect. »
« On réussit à avoir d’excellents rendements [dans la pomme de terre] parce qu’on a investi beaucoup d’argent pour mieux irriguer nos sols », explique le producteur, qui calcule avoir investi trois quarts de million de dollars en travaux d’irrigation, au fil des années.
Mobiliser les producteurs
Il y a un mois, un groupe de producteurs de Lanoraie-Lavaltrie se sont réunis pour faire le point, une fois de plus, dans ce dossier qui fait couler beaucoup d’encre.
« Pour notre groupe, précise Réjean Beauparlant, c’est clair. Il n’est pas question de laisser couler le pétrole, sous aucune condition. »
« Si on les laisse faire, dit-il, on ne sera plus chez nous. On aura peur de passer sur ces tuyaux avec notre machinerie. Ça n’a aucun sens. »
Mais le temps presse. Et le producteur de Lanoraie ne cache pas que le projet d’oléoduc, même s’il fait face à de l’opposition dans Lanaudière, fait partie des priorités de TransCanada Pipelines.
« Là, nous nous battons dans la région, rappelle-t-il. Mais j’aimerais voir plus de monde embarquer avec nous, dans d’autres régions, avec l’appui encore plus ferme de l’UPA. Il ne faut pas négocier des ententes de dédommagement avec cette compagnie. Il faut lui dire non, tout simplement. »