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Après des années difficiles, les producteurs de bœuf profitent d’une période faste.
Le prix de la carcasse poursuit sa lancée haussière amorcée depuis mai 2013 et atteint aujourd’hui un niveau record à 227 $ le 100 livres carcasse. « C’est du jamais vu en 20 ans! » atteste André Roy, directeur de la mise en marché du bouvillon d’abattage à la Fédération des producteurs de bovins du Québec, lors d’une entrevue aux locaux de la Terre. Ce dernier ne peut s’empêcher de consulter l’évolution des marchés sur son téléphone intelligent. Puis, il affiche un large sourire : « Incroyable! Juste aujourd’hui [15 janvier], le prix vient de faire un bon de 2,03 $ le 100 lb! Ce n’est pas loin de la limite d’augmentation quotidienne permise de 3 $! Pour nous, c’est très plaisant de voir ça, car on représente les producteurs! »
Ce phénomène de prix élevés s’explique vraisemblablement par la surcapacité de production des abattoirs (baisse des cheptels de bouvillons). Et pour conserver leur rythme d’approvisionnement, les abattoirs augmentent les incitatifs monétaires aux producteurs. Les prix élevés seraient également reliés aux conditions plus froides qu’ont connues les grandes régions productrices américaines (en période de froid, la croissance des animaux ralentit). À cela s’ajoute évidemment la baisse de la valeur du dollar canadien.
Des producteurs riches?
À première vue, nous pourrions croire que les producteurs s’en mettent plein les poches. Michel Daigle, un éleveur près de Saint-Hyacinthe, tempère rapidement cette perception. « Dans les parcs d’engraissement, nous sommes condamnés à travailler avec les marges. Nous vendons un gros bouvillon, disons 2 000 $, mais il a fallu payer le veau [900 lb] à 1 400 $. Donc oui, les prix de vente sont bons, mais le prix des veaux a également augmenté. » Chez les producteurs de veaux d’embouche, le contexte est également plus positif, mais la pente sera longue à remonter. « C’est sûr que c’est encourageant. J’aime mieux que le chèque de l’encan soit plus gros que celui de l’ASRA [Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles]. Mais chez moi, dans ma petite production de 60 vaches, ça ne couvre pas encore les coûts de production. Le diesel, les engrais, la conformité aux normes environnementales, tout a monté. J’aimerais profiter des avantages du pâturage intensif, sauf que les terres sont vraiment trop chères pour que le projet soit rentable », dépeint pour sa part Pierre Rioux, situé à Manseau, au Centre-du-Québec.
En Abitibi, Richard Ayotte, qui possède 500 vaches avec sa conjointe, assure que la hausse de prix arrive au bon moment. « Si le prix continue de monter, ça va être bon. Mais la situation n’est pas rose. La Financière a réduit nos compensations de 125 $ par vache. Je ne sais pas où ils prennent leurs chiffres, mais ça fait mal. Les gars sont tous pris à la gorge. Avec la hausse de prix, va-t-on vraiment s’en sortir? Ça dépend comment le gouvernement va diminuer la compensation. On va voir au bout de l’année ce qui va rester », relativise-t-il.