Élevage 29 août 2014

Forte concurrence dans l’abattage des bovins

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

Le seuil d’irritabilité des propriétaires d’abattoirs de bovins au Québec est très élevé.

C’est le constat établi par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) avec les partenaires de la Table du secteur bovin.

En concurrence avec les multinationales Cargill et JBS, les abattoirs québécois peinent à se tirer d’affaire. Dans ce contexte, à quoi doivent s’attendre les promoteurs de la relance de l’abattoir Levinoff-Colbex?

« Les gros ont le pouvoir de mener une guerre de prix sans merci », constate Hervé Herry, de la Direction du développement des secteurs agroalimentaires du ministère. Celui-ci a dressé le portrait diagnostic du secteur québécois des bovins de boucherie et a présenté ses conclusions aux différents membres de la Table en novembre dernier. En résumé, le tableau s’avère peu reluisant pour l’abattage au Québec.

« Le marché est très concurrentiel, affirme Hervé Herry, en entrevue téléphonique. La viande de bœuf reste un produit de commodité. Les grosses entreprises alimentent les grands distributeurs et ce sont elles qui déterminent les prix. La marge de profits est de plus en plus serrée. »

« La demande pour les animaux vivants est très forte, ajoute-t-il. La situation pour les abattoirs québécois est difficile parce que les prix sont trop hauts et les prix aux consommateurs ne suivent pas. Le prix des animaux constitue le principal poste de dépenses d’un abattoir avec 75 à 80 % des coûts. Nos abattoirs auraient besoin de gros volumes pour réaliser des économies d’échelle. »

La valorisation du produit avec une qualité distinctive, note Hervé Herry, pourrait offrir une excellente piste de solution. Le bœuf élevé sans hormones de croissance et sans antibiotiques sous l’appellation Viandes sélectionnées des Cantons (VSC) constitue un bon exemple de cette valeur ajoutée. D’ailleurs, les partenaires de la Table du secteur bovin ont pu savourer un steak provenant de l’abattoir Laroche, d’Asbestos, promoteur de l’appellation VSC.

« Le steak a été servi sans couteau à steak et tout le monde a été étonné par la tendreté de la viande », révèle Hervé Herry.

Le marché européen des produits naturels amène le ministère à estimer le potentiel de développement du marché d’une viande à valeur ajoutée au Québec à 5 ou 6 %. La seule traçabilité, note le spécialiste, n’est pas suffisante pour permettre la croissance du secteur. Dans un domaine de niche, pense-t-il, la notoriété du produit pourrait s’exporter plus facilement. Dans ce contexte, l’exportation devient souhaitable pour assurer la viabilité du secteur.

« La fidélité à des entreprises québécoises n’est pas là », juge M. Herry.