Élevage 29 août 2014

Le vaccin n’est pas fiable, selon les vétérinaires

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Les vétérinaires du Québec sont catégoriques. Le vaccin mis à la disposition des producteurs de porcs au Canada à titre de mesure d’urgence contre le virus de la diarrhée épidémique porcine (DEP) n’a aucune valeur préventive, contrairement à ce que prétend Ottawa.

Pendant ce temps, l’Ontario déclare deux nouveaux cas de contamination dans des fermes porcines de type naissance-finition, ce qui porte à 11 le nombre de cas confirmés.

« On ne peut se fier là-dessus comme outil de prévention. C’est un moyen de contrôle pour les élevages qui sont déjà aux prises avec la maladie », explique François Cardinal, chef du comité vétérinaire de l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP). Celui-ci note qu’il est difficile de se prononcer sur l’efficacité réelle de ce vaccin de seconde génération, aucune donnée n’étant disponible. Il précise que la première génération « ne fonctionnait à peu près pas ».

François Cardinal s’inquiète de l’effet démobilisateur que l’annonce du gouvernement fédéral pourrait entraîner chez les producteurs de porcs. Depuis des mois, rappelle-t-il, ceux-ci sont invités à relever la garde en augmentant les mesures de biosécurité. Ils sont notamment priés d’exiger de leur transporteur la preuve que le camion-remorque a bel et bien été lavé, désinfecté et séché.

« La fameuse solution qu’on attendait est arrivée, a-t-il déclaré. Plus besoin de toutes les patentes de biosécurité, de lavage de camions supercompliqué. On a le vaccin, pourront-ils conclure à tort. »

Le chef du comité vétérinaire affirme qu’aucun vaccin dans l’histoire de cette maladie n’a jusqu’à maintenant donné des résultats satisfaisants au niveau préventif dans les fermes n’ayant jamais été infectées. C’est d’ailleurs là que réside toute la subtilité, soutient-il. Le nouveau vaccin sera-t-il efficace?

« Ce serait une révolution », lance-t-il sans hésitation.

Sans une preuve que ce nouveau vaccin sera différent des précédents, indique-t-il, les vétérinaires vont continuer à prôner le lavage, la désinfection et le séchage des camions-remorques. Selon l’Université de l’État du Kansas, rapporte-t-il également, des traces du virus ont été décelées dans du plasma sanguin servant à la préparation de moulée. À titre préventif, une compagnie ontarienne de nutrition animale a aussitôt rappelé l’un de ses mélanges.

Sur le plan politique, le député bloquiste de Richmond à la Chambre des communes a profité de la période des questions pour interpeller le ministre d’État à l’Agriculture, Maxime Bernier. « On constate que c’est un gars qui ne connaît pas le dossier », a confié André Bellavance à la Presse canadienne à sa sortie des Communes vendredi dernier. Il a qualifié la déclaration du ministre à laTerre de tout à fait « ridicule » et « farfelue ».

Par ailleurs, l’EQSP a effectué pas moins de 154 tests de dépistage la semaine dernière dans les aires de réception des abattoirs, remorques de livraison, encans et centres de rassemblement. Tous les tests se sont avérés négatifs. Enfin, la DEP a été inscrite comme maladie à déclaration obligatoire par l’Alberta, tout cas s’apparentant à la diarrhée devant être rapporté aux autorités dans les 24 heures. Cette avenue, confirme Maxime Couture, attaché de presse du ministre de l’Agriculture, pourrait éventuellement être empruntée par Québec.