Actualités 29 août 2014

Une récolte de blé sans trop de toxines

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La récolte de blé 2011 ne passera pas à l’histoire du côté des rendements, mais on y remarque une diminution marquée des toxines liées à la fusariose.

La Financière agricole évaluait les rendements, au 20 septembre, près de ou inférieurs à la moyenne en fonction de la date des semis et de la pluviométrie. La qualité, elle, est jugée ­normale ou inférieure à la moyenne.

Selon la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPCCQ), le rendement semble « moyen et normal ». « La qualité est bonne, l’indice de chute est bon, mais la ­protéine est un peu décevante par endroits », résume Ramzy Yelda, responsable de la commercialisation du blé de consommation humaine à la FPCCQ. Une baisse marquée des superficies cette année amènera toutefois une récolte québécoise de 25 000 tonnes de moins que l’an dernier (voir tableau).

Selon Rudy Laixhay, des Moulins de Soulanges (MDS), le « trou noir » de cette année se situe au Lac-Saint-Jean, où il constate énormément de déclassement du blé en raison du critère de ­l’indice de chute. La verse et l’humidité expliquent ce ­phénomène.

La qualité est toutefois nettement meilleure que l’an passé en Montérégie. « On a une qualité supérieure à ce qu’on a eu en Montérégie au cours des trois dernières années », a commenté Yann Hébert, président d’Élévateurs Rive-Sud de Contrecoeur. La sécheresse au moment de la ­floraison explique sans doute ce bon résultat. M. Hébert estime que cette récolte devrait redonner espoir aux producteurs de la région. MDS évalue le rendement moyen en Montérégie à environ 1,2 tonne à l’acre, soit légèrement moins que la moyenne de 1,5 à 1,8 tonne.

« C’était très beau cette année », lance Jean-Pierre Aumont, directeur des productions végétales à la Coop Profid’Or de Joliette. De 90 % à 95 % des lots ont satisfait les critères de classement. Quelques lots seulement contenaient trop de toxines. La protéine était élevée avec 14,5 % en moyenne.

« Le gros problème, c’est le niveau de protéine », explique Yves Martineau, agent de commercialisation à la Coop des Bois-Francs. Seulement 4 % de la récolte dépassait la norme de 2 ppm de toxines et la table de gravité a permis de récupérer ce volume pour les Moulins de Soulanges. Le ­problème de protéine a toutefois entraîné un déclassement de près de 50 % au total. Selon la FPCCQ, il s’est également manifesté en Mauricie.

La région de Québec s’en tire généralement bien. Le Bas-Saint-Laurent devrait obtenir une récolte acceptable, sauf pour une partie récoltée tardivement après l’ouragan Irene. La Gaspésie a généralement obtenu de bons résultats en ­quantité et en qualité.

Écarts de rendement majeurs

Rudy Laixhay, de MDS, qui gère des contrats sur 20 000 acres cette année, constate des écarts de rendement très importants entre les meilleurs producteurs et la moyenne. Le rendement du blé de printemps, pour la même variété et la même région, oscille entre 2,2 tonnes à l’hectare jusqu’à 5,8 tonnes à l’hectare.

Pour le blé d’hiver, on passe de 4,5 à 5,5 tonnes jusqu’à 6 tonnes pour les meilleurs producteurs. M. Laixhay estime donc qu’un plus grand souci agronomique (rotations, drainage, fertilisation) doit être considéré afin d’améliorer la rentabilité de la production de blé pour consommation humaine. Bon an, mal an, le spécialiste de MDS évalue qu’il peut compter sur une tonne de blé à l’acre pour sa minoterie, en tenant compte du déclassement. Il serait certainement possible d’augmenter cette moyenne.

Nouvelle approche de criblage du blé

La récolte 2011 n’aura pas été un test majeur pour la nouvelle stratégie de criblage du blé des MDS.

Rappelons que les MDS ont instauré cette année un nouveau système qui permet au blé qui contient entre 2 et 4 ppm de toxines d’être traité avec des tables de gravité. Le producteur recevait alors un montant pour la criblure et le prix normal pour le grain nettoyé. Le pourcentage de perte en criblure était fixé à 25 % pour cette année. La criblure était payée à 120 $ minimum par tonne. Le blé criblé ou déjà en bas de 2 ppm est vendu aux MDS selon la valeur moyenne du contrat de décembre à la Bourse de Minneapolis du 1er mai au 30 septembre. Le paiement complet est effectué en novembre. Les centres de grains partenaires pour le criblage et le paiement du blé sont les suivants : Élévateurs Rive-Sud, Coop des Bois-Francs,

Agri-Fusion, Profid’Or, Nutrinor et le Centre de grains du lac Massawippi.

« Notre objectif, c’est que si 2 % du grain est endommagé, on crible 2 % », affirme Yann Hébert, président des Élévateurs Rive-Sud. Ce ­dernier admet que le criblage nécessite des réglages précis afin de minimiser les pertes tout en nettoyant le blé suffisamment. Un certain apprentissage va donc se faire au cours des prochaines années. L’entreprise de Contrecœur misera par ailleurs sur une table de gravité neuve dès cet automne. Cette technologie postrécolte est cependant peu connue des producteurs, qui ne savent pas nécessairement qu’il est possible de « sauver » des lots de blé lorsque le climat est plus dommageable pour la qualité des céréales.

« Le système a très bien marché. Je ne vois pas comment on pourrait aller chercher 40 000 tonnes de blé au Québec sans cela », conclut M. Laixhay.

La FPCCQ et le criblage

La FPCCQ regarde de près la nouvelle approche de MDS pour le blé contenant des toxines. « C’est une question de différence de prix avec le blé fourrager », explique cependant Ramzy Yelda. Avec une différence de prix d’environ 50 $ la tonne, il faut calculer l’intérêt de faire cribler (considérant la perte en volume et les frais) avant de prendre une décision. Pour la gestion de la Fédération, des lots qui se classent presque peuvent être mélangés avec de très bons lots afin de respecter les critères. Le criblage pourrait néanmoins être une option en fonction du contexte de prix et de qualité. M. Yelda rappelle qu’une minoterie n’a pas la même vision puisqu’elle doit s’assurer d’un volume minimal d’approvisionnement de qualité.

Rappelons que le blé fourrager est commercialisé directement par les producteurs cette année selon la modification votée lors de la dernière assemblée annuelle de la FPCCQ.