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Avec les dernières précipitations de neige, les adeptes de motoneige, de VTT et de ski de fond recommencent la pratique de leurs sports d’hiver, sauf ceux qui veulent s’aventurer dans la MRC des Sources, en Estrie. Des producteurs y bloquent l’accès à leurs terres, en guise de protestation contre une réglementation régissant l’abattage d’arbres adoptée par les élus de la MRC en novembre dernier.
Stéphane Richer, un producteur laitier, acéricole et forestier de Saint-Adrien, espérait que les insatisfactions face à cette nouvelle réglementation seraient captées par les élus. « Mais on revient des Fêtes et il n’y a pas grand-chose qui a bougé. C’est comme s’ils ne voulaient rien savoir. Alors on fait ce qu’on disait; on bloque les sentiers », explique M. Richer.
Ce dernier reproche entre autres aux élus de demander une déclaration ou un certificat d’autorisation s’il désire couper plus de 10 % des tiges de sa forêt sur 10 ans. « Si tu veux couper plus que 30 %, il te faut une prescription d’un ingénieur et tu ne peux pas y retourner avant 10 ans. C’est du taponnage. C’est des frais d’ingénieurs tout le temps. Quand je vois du monde de la ville qui viennent nous gérer, ça ne marche pas trop. Nous, on sait ce qu’on fait », affirme celui qui avait l’habitude d’héberger le sentier de motoneige depuis des années sur ses terres.
Il dit que dès l’adoption du règlement, en novembre, les producteurs ont créé un groupe de discussion sur les médias sociaux afin d’exercer des moyens de pression. « On s’est dit qu’on tiendrait notre bout », assure-t-il.
Incompréhension
La Terre a contacté la MRC des Sources afin d’avoir sa version des faits. Le préfet étant en vacances, il était impossible d’obtenir une réaction officielle. Une personne bien au fait du dossier se dit néanmoins surprise de voir les producteurs opter pour des moyens de pression alors que la réglementation adoptée en novembre se révèle moins sévère que celle déjà existante d’autres MRC de la région, comme Coaticook et Val-Saint-François.
De plus, elle souligne que l’équipe de la MRC a pris le temps de pondre une réglementation qui a réellement tenu compte de l’avis des producteurs forestiers, notamment en diminuant la lourdeur administrative. La déclaration que doivent effectuer les producteurs pour certains travaux s’effectue maintenant en ligne et sur quelques questions au lieu de l’ancien formulaire de quatre pages. Cette formule sans délai permet ensuite aux producteurs de procéder aux travaux en forêt immédiatement.
Le nouveau règlement, qui remplace celui de 2008, inclut aussi des sanctions dont le montant a été revu à la baisse pour certaines non-conformités. Les coûts du permis ont été éliminés, le seuil de récolte des plantations requérant un certificat d’autorisation a été augmenté à 40 % des tiges et la procédure visant les prélèvements d’arbres sur la bande de protection des boisés voisins a été simplifiée.
Les sentiers rouvriront quand…
Ces explications ne convainquent pas André Roy, président du Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec. Il affirme que la réouverture des sentiers se fera « lorsque la MRC aura de l’ouverture à refaire ses devoirs ». Son organisation réclame la création d’un groupe de travail permettant un consensus « sur un règlement qui fera du bon sens ». D’autant plus qu’il craint que le fameux règlement sur l’abattage d’arbres de la MRC des Sources serve ensuite de base à un règlement qui engloberait la foresterie sur terre privée de toute la région de l’Estrie.
Les yeux d’André Roy butent sur plusieurs passages du règlement de la MRC des Sources, dont l’un indiquant que les travaux sur plus d’un hectare en milieu humide nécessiteront l’avis d’un ingénieur forestier. Un petit producteur qui voudrait récolter des tiges sur un peu plus d’un hectare, une année, paierait 1 000 $ en ingénieur, et paierait encore 1 000 $ en frais d’ingénieur l’année suivante s‘il désire refaire des travaux semblables, donne-t-il en exemple. « C’est ridicule! » s’exclame-t-il.
« On n’a pas de problème [en foresterie]; les travaux se font déjà de façon très raisonnée. Pourquoi on demanderait à un producteur de faire une déclaration pour simplement exercer son métier? Est-ce qu’on demande à un commerçant une déclaration avant qu’il rentre dans son commerce faire son métier? Et obliger les producteurs à faire affaire avec des professionnels [ingénieurs], ça ne passe pas. C’est le temps d’envoyer un signal », dit sans détour M. Roy.