Bovins 9 janvier 2025

Une transition difficile chez les éleveurs de veaux d’embouche

Alors qu’en juillet, les producteurs de veaux d’embouche n’ont reçu aucun versement anticipé du programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) en raison des forts prix sur le marché, le versement de 20 M$ octroyé en décembre n’a servi qu’à payer leur contribution annuelle au programme. L’interruption des avances de paiements, versées deux fois par année depuis neuf ans, a occasionné une période de transition difficile pour la gestion du fonds de roulement de leur entreprise.

Le 19 décembre, le montant de l’avance versée par La Financière agricole du Québec aux producteurs de veaux d’embouche a été limité au montant nécessaire pour couvrir la contribution 2024 des adhérents. Un versement final sera toutefois octroyé aux éleveurs au printemps 2025. Augustin Cormier, de Saint-Édouard-de-Fabre, au Témiscamingue, ne s’attend pas à recevoir grand-chose en avril prochain.

On n’aura presque rien. Nous, avec 150 vaches, il me semble que ça monte à 2 000 $. C’est rien.

Augustin Cormier, éleveur de veaux d’embouche

Déjà que 2024 avait commencé avec un faible paiement final de l’année 2023. Ce dernier totalisait 8 M$, alors qu’il était de 18,8 M$ l’année précédente. « Ça nous a fait très mal parce qu’on vend nos veaux au mois de septembre. On a passé l’été sans une cenne noire, alors que [le paiement] d’avril nous aide à payer nos semences, nos engrais, les minéraux, le diesel, etc. Ça nous donne une chance, mais là, on n’a rien eu », explique l’éleveur en démarrage depuis quatre ans.

La vente des veaux en septembre a eu l’effet d’une bouffée d’air. Cela a permis d’alimenter le fonds de roulement de l’entreprise et d’acquitter les dettes contractées auprès des fournisseurs. Plusieurs producteurs à qui M. Cormier a parlé ont dû se résoudre à demander un prêt de fonds de roulement à la Financière.

Sébastien Vachon, le président des Producteurs de bovins du Québec, confirme que la transition est difficile pour des éleveurs. « La première année, quand on commence cette roue-là, elle est ultra difficile. Il faut être conscient de ça », mentionne-t-il. Le producteur aurait souhaité un accompagnement financier dans cette transition. « La ferme type à La Financière agricole est de 112 vaches, alors le producteur moyen, à la fin de l’année, il lui manque 26 656 $, dit-il. C’est pour ça qu’il y a [eu] du mécontentement. Avoir eu 100 $ par vache aurait pu être un game changer important [dans la transition]. »

En dents de scie

Augustin Cormier se réjouit d’être exclusivement rémunéré par la vente de ses veaux, mais est conscient des aléas du marché dans sa production. « Ceux qui ont vendu leurs veaux au printemps 2024 les ont vendus à des prix records, alors que nous, l’automne d’avant, les prix étaient à terre. […] On aurait fait 60 000 $ de plus si on avait inversé nos vêlages, mais la plupart des années, ce n’est pas ça. C’est ça, le veau d’embouche, des années en dents de scie », conclut-il.