Syndicalisme 3 décembre 2024

L’agriculture pas suffisamment priorisée, selon Martin Caron

QUÉBEC S’il a reconnu les gains que le milieu agricole a faits à la suite des manifestations déployées aux quatre coins du Québec, notamment les 200 M$ accordés par le gouvernement Legault en appui financier et en allégements administratifs, le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron, a insisté sur le travail qu’il reste à faire, dans son discours prononcé au congrès de son organisation, le 3 décembre.

« Ça avance, mais pas assez à mon goût. Il faut arriver avec des résultats concrets et je ne sais pas vous, mais moi, je n’ai pas deux-trois ans, avant que ça arrive. Je veux que ça arrive dans la prochaine année », a-t-il indiqué, en référence à certaines promesses d’allégements qui ont été faites, mais qui n’ont pas encore été réalisées.

Faisant un parallèle avec le centième anniversaire de l’UPA, il a rappelé que les producteurs, historiquement, ont toujours été combatifs et a assuré qu’ils continueront de l’être.

On a du cœur au ventre depuis 100 ans. Dans les mobilisations, j’ai vu qu’il y avait du cœur au ventre et à vous regarder aujourd’hui, en avant de moi, je le sais qu’il y a encore du cœur au ventre pour l’avenir.

Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles

Des besoins criants en nourriture

Relevant que les banques alimentaires du Québec répondent à 2,9 millions de demandes d’aide chaque mois et que les besoins en nourriture sont de plus en plus criants, M. Caron s’est demandé si les gouvernements actuels mettent vraiment « les efforts aux bonnes places ».

« Comme producteur, mais aussi comme citoyen, ça me préoccupe », a-t-il lancé avec émotion. Ce dernier estime que l’agriculture devrait être au cœur des priorités des décideurs.

« Une chose est sûre; ce n’est pas en ajoutant des règlements au monde agricole qu’on va améliorer [cette statistique d’insécurité alimentaire]. Ce n’est pas en demandant des autorisations ministérielles à tout bout de champ, et surtout, pour drainer nos terres, qu’on va régler ça », a ajouté le président, sous les applaudissements des délégués dans la salle. Ces derniers lui ont d’ailleurs réservé un appui chaleureux sous forme d’applaudissements avant même qu’il commence son allocution.

Potentiel de croissance par secteur

Appuyé d’une étude menée à l’interne qui estime le taux de croissance potentiel par culture agricole jusqu’en 2030, Martin Caron a souligné que la production la plus prometteuse, selon l’analyse, est celle des fruits et légumes en serre.

« Pourquoi les fruits et légumes en serre sont en premier? C’est parce qu’on a investi dans ce secteur-là. Quand est-ce qu’on va investir dans les autres secteurs? Quand est-ce qu’on va investir dans le bovin, dans l’ovin et les autres? » a-t-il questionné dans une envolée verbale.

D’ici 2050, la population va augmenter de 28 % au Canada et de 10 % au Québec, a-t-il poursuivi, affirmant que les gouvernements devraient mieux arrimer leurs priorités avec cette réalité de croissance démographique et de besoins alimentaires grandissants.

« Mondialement, on sera près de 10 G$. L’[Organisation pour l’alimentation et l’agriculture] et l’[Organisation des Nations unies] ont mentionné qu’il va falloir augmenter de 60 % les denrées alimentaires jusqu’à 2050. […] C’est ça le message qu’on veut envoyer. Sur cet aspect-là, on ne lâchera pas! » a-t-il martelé.