Acériculture 27 novembre 2024

Le mot « transparence » crée un malaise à l’assemblée des PPAQ

LÉVIS – La somme de 2,7 M$ perdue par les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) en raison du sirop impayé par Érablières des Alléghanys a créé des moments de malaise lors de l’assemblée générale semi-annuelle des PPAQ, à Lévis, le 21 novembre.

L’acériculteur Normand Urbain, deuxième vice-président des Producteurs et productrices acéricoles de Lanaudière, est venu au micro pour dénoncer le manque de transparence dont il accuse les PPAQ dans ce dossier. « Je vais utiliser le mot « transparence » pour ne pas dire « mensonge » », a dit M. Urbain. Ce dernier a raconté avoir posé des questions sur le dossier Érablières des Alléghanys lors d’une assemblée précédente, et selon lui, le président des PPAQ, Luc Goulet, détenait à ce moment-là de nouvelles informations.

Mais vous avez choisi de dire  »non, il n’y a rien de nouveau ». Question de transparence, on ne dit pas à un membre  »non, rien de nouveau ». Ça amène des gens comme moi à se poser des questions. Y a t-il des cachettes?

Normand Urbain

Devant une salle devenue silencieuse, M. Goulet a répondu, brièvement, qu’il avait bel et bien reçu de nouvelles informations dans le dossier Alléghanys avant l’assemblée mentionnée par M. Urbain, mais le fait que son conseil d’administration n’en avait pas encore été informé l’avait contraint à répondre qu’il n’y avait rien de nouveau. « Peut-être que j’ai été mal habile dans ma réponse », a-t-il reconnu.

Normand Urbain a également parlé d’un « manque de démocratie », faisant référence à la promesse des dirigeants des PPAQ de « vider la question » sur la perte de 2,7 M$ causée par Érablières des Alléghanys, alors que seulement 14 minutes lui ont été accordées pour poser des questions, lors de l’assemblée générale annuelle, en mai, s’est-il offusqué.

L’avocat des PPAQ a commencé à lui répondre concernant le nombre de minutes bel et bien consacrées à la question, mais M. Urbain l’a rapidement coupé pour demander un point d’ordre. Procédure rarement employée dans les assemblées d’agriculteurs, le point d’ordre s’avère une forme d’objection qu’un membre peut formuler pour, par exemple, exiger le respect des procédures.

Luc Goulet a repris la parole, demandant à son avocat de simplement expliquer où en était le dossier concernant Érablières des Alléghanys. Ce dernier a précisé que deux procédures étaient menées en parallèle. Dans la première, les PPAQ ont interpellé les tribunaux avec l’objectif de faire annuler la vente des actifs d’Érablières des Alléghanys à la coopérative Citadelle. Ils viennent toutefois d’essuyer un premier refus dans un jugement daté du 20 septembre (voir autre texte), lequel est porté en appel.

La deuxième procédure est une réclamation faite par les PPAQ pour récupérer le 2,7 M$ de sirop. L’avocat des PPAQ a signifié que la Fédération n’avait pas eu accès aux informations justes et correctes de la part des intervenants. « Ce dossier-là chemine », a dit l’avocat, rappelant que les procédures ne garantissent cependant pas de recouvrer les 2,7 M$.

Un retour

Cette assemblée particulièrement longue s’est ensuite poursuivie sans anicroche. La flèche envoyée par Normand Urbain semblait déjà loin derrière lorsqu’une personne très connue du milieu de l’érable s’est emparée d’un micro à la toute fin de l’assemblée. Avec une voix particulièrement rugissante, qui a résonné dans une salle redevenue muette, l’ancien président des PPAQ, Serge Beaulieu, est venu signifier qu’il n’avait pas digéré qu’un délégué traite son président de « malhonnête » et de « pas transparent ». « J’en ferais un blâme à ce délégué », a-t-il ajouté, visant directement M. Urbain et spécifiant que son président, Luc Goulet, avait répondu de la bonne façon dans un dossier judiciarisé.