Porcs 22 novembre 2024

L’élan de croissance d’un indépendant, malgré la crise

TRING-JONCTION – La crise qui a ébranlé le secteur porcin québécois n’a pas ralenti l’élan de croissance du producteur indépendant Daniel Vachon, de ­Tring-Jonction, dans Chaudière-Appalaches. Il a poursuivi l’acquisition de fermes porcines voisines, dont deux ces dernières années.

Dans le contexte actuel, c’est toujours stressant un peu, mais dans le porc, ç’a toujours été ça, des hauts et des bas. Ça se replace toujours. C’est comme un élastique qui revient.

Daniel Vachon

Il remarque d’ailleurs que les prix du porc sur les marchés sont très bons actuellement. Avec le coût des intrants qui a baissé, cela augure bien pour la suite, croit-il. 

Daniel Vachon a continué à investir dans son entreprise malgré le ralentissement dans le secteur porcin, afin de permettre à ses enfants de se joindre à l’entreprise. Photo : Patricia Blackburn/TCN

La Ferme Daniel Vachon, de type naisseur-finisseur, qu’il a démarrée en reprenant d’abord une petite maternité porcine qui appartenait à son père, compte aujourd’hui 16 sites d’élevage, dont la maternité qui a été agrandie en 2022 et qui compte 1 400 truies. Bon nombre des porcelets qui y sont produits sont élevés dans les sites de l’entreprise et une autre partie est confiée à forfait à d’autres éleveurs, signale M. Vachon, qui gère une équipe de 12 employés. 

Quand on lui demande s’il s’agit d’une grosse ferme, il répond que non. « C’est le minimum aujourd’hui pour être en production porcine [en tant qu’indépendant] », estime-t-il.

Les porcs produits sur ses sites étaient auparavant livrés à l’abattoir d’Olymel à Vallée-Jonction, situé à quelques ­kilomètres de là. Depuis la fermeture de cet abattoir, ils sont transportés à celui de Saint-Esprit, dans Lanaudière. « C’était plus compliqué à gérer au début, mais là, ça se place », précise l’éleveur.

Motivé par la relève

Derrière sa stratégie, il n’y a pas qu’un simple désir de croissance. Ses trois enfants souhaitent pour l’instant suivre ses traces et travailler à la ferme.

Il faut toujours être productifs et voir à nos affaires, mais avec mes enfants qui veulent suivre, c’est plus motivant.

Daniel Vachon

L’acquisition de fermes dans les dernières années avait donc cet objectif de donner à l’entreprise la taille idéale pour permettre à ses trois enfants de s’y joindre, précise celui qui estime avoir aujourd’hui atteint cet idéal.

Il y a quelques mois, sa fille Noémie, qui est l’aînée de la fratrie et est fraîchement diplômée de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, a commencé à travailler à temps plein avec lui. Son père est habitué de la voir s’impliquer à la ferme depuis longtemps. « Déjà, à 12 ans, elle voulait avoir plus de responsabilités et me disait toujours : ‘‘Laisse-moi faire!’’ » se remémore-t-il.

L’aînée, Noémie, a commencé à travailler à temps plein avec son père, il y a quelques mois. Photo : Gracieuseté de Jyga Technologies

Pas une production facile

M. Vachon reconnaît être un peu craintif pour l’avenir de ses enfants, car ce milieu de production n’est pas toujours facile. Il ne changerait pourtant pas sa place avec un autre. « J’aime ça, les défis. Chaque matin, ce n’est jamais pareil. »  Une affirmation que La Terre a pu confirmer sur le terrain, puisque l’entrevue a dû être repoussée d’une heure en raison d’un pépin électrique dans un bâtiment porcin pour lequel M. Vachon a dû intervenir en urgence. Puis pendant l’entrevue, un employé a téléphoné pour lui signaler une fuite d’eau dans un autre bâtiment. Ces épisodes parmi d’autres font partie de son quotidien. « Ça arrive tout le temps, le jour et la nuit », commente-t-il avec un calme à toute épreuve.