Ovins 22 novembre 2024

Même avec de bons prix, les producteurs n’arrivent pas

QUÉBEC – Malgré les bons prix reçus pour leurs agneaux, plusieurs producteurs ovins du Québec n’arrivent toujours pas à joindre les deux bouts.

Lors de l’assemblée générale des Éleveurs d’ovins du Québec, tenue à Québec, le 15 novembre, le directeur général par intérim, Marc-Olivier Bessette, a brossé le portrait d’un marché de référence ontarien « en santé », où la demande des acheteurs surpasse actuellement l’offre, et ce, même s’il y a eu une augmentation de la production d’agneaux de 9 % du côté ontarien. « Quand il y a augmentation du volume de production, mais aussi du prix, c’est qu’il y a une rareté du produit recherché. Il y a donc un train à prendre et on ne doit pas le manquer », a-t-il lancé à l’auditoire.

De leur côté, les producteurs étaient plus préoccupés par les finances de leurs entreprises.

Car même avec des prix élevés, on ne couvre pas nos coûts de production. La preuve, c’est que l’ASRA [Assurance stabilisation des revenus agricoles] se déclenche quand même, de l’ordre de 120 $ l’agneau en 2023.

Jimmy Lapointe, président des Éleveurs d’ovins du Québec

L’une des raisons expliquant cet écart entre le prix reçu par les éleveurs ovins pour leurs agneaux et leurs coûts de production, selon le président, serait l’effet pernicieux des importations d’agneaux étrangers à très bas prix.  Ces importations représentent environ 48 % de la viande d’agneaux sur les tablettes, rapporte-t-il, ce qui aurait un effet sur le prix de l’agneau produit localement, qui doit être négocié plus bas que les coûts de production pour rester compétitif.

Jimmy Lapointe, président des Éleveurs d’ovins du Québec, et Marc-Olivier Bessette, directeur général par intérim, lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation, à Québec, le 15 novembre. Photo : Patricia Blackburn/TCN
Jimmy Lapointe, président des Éleveurs d’ovins du Québec, et Marc-Olivier Bessette, directeur général par intérim, lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation, à Québec, le 15 novembre. Photo : Patricia Blackburn/TCN

Le nouveau modèle de calcul dénoncé

Un autre élément, soulevé pendant l’assemblée, qui ajouterait aux difficultés financières des éleveurs ovins est le dernier modèle de référence du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA) pour la production ovine, qui sert de référence pour le calcul des versements de l’ASRA. La représentativité des grandes fermes y serait plus grande que les plus petites, désavantageant ces dernières.  « On savait que la nouvelle étude aurait un impact, mais ça nous est tombé dans la face en mai dernier.  Ç’a déclenché, mais très peu par rapport à ce à quoi on s’attendait », mentionne M. Lapointe, en entrevue avec La Terre. Bien que les bons prix des agneaux rééquilibrent une partie de ce manque, celui-ci serait encore trop grand pour certains éleveurs, à court de liquidités. Plusieurs rencontres ont déjà eu lieu avec La Financière agricole pour que des ajustements soient faits, précise-t-il.


Les contrats d’agneaux lourds font des envieux

Les producteurs ovins font la file pour obtenir des contrats pour la vente de leurs agneaux lourds. Leur production surpasserait actuellement la demande des acheteurs québécois pour ce type de produit. « C’est en soi une bonne nouvelle, parce que ça veut dire que notre système [de vente pour l’agneau lourd] fonctionne bien », spécifie Jimmy Lapointe, président des Éleveurs d’ovins du Québec. En revanche, les éleveurs ont dû adopter une résolution, le 15 novembre, pour appliquer un ordre d’attribution des contrats tenant compte des volumes historiques de livraison d’agneaux lourds sous engagement annuel au cours des dernières années. L’objectif est d’éviter que les fermes qui ont progressivement bâti leur modèle sur ce marché perdent leur priorité au profit de nouveaux joueurs qui souhaiteraient profiter des bons prix actuels. Un éleveur de la relève, Jérémy Plourde, a critiqué cette approche, soulignant qu’elle limitait l’accès des plus jeunes producteurs à ce marché plus stable que les ventes d’agneaux à l’encan. La résolution a, malgré tout, été adoptée à la majorité. L’organisation dit toutefois faire des démarches pour trouver de nouveaux acheteurs pouvant être intéressés par les agneaux lourds produits en surplus au Québec.