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L’image frappe. Des portions de champs disparaissent à cause de l’érosion. Les changements apportés par l’homme au bassin hydrographique ont augmenté les débits et les vitesses d’écoulement. Pour trouver des solutions, différentes régions ont lancé un projet s’attardant exclusivement aux coulées agricoles.
« On voit des cours d’eau qui se creusent par le fond. Le cours d’eau méandre et change avec le temps; il rentre dans les terres. J’ai des producteurs qui ont perdu de 1 000 à 3 000 mètres carrés de champ », affirme Yann Bourassa, chef d’équipe du développement régional et de l’environnement à la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Centre-du-Québec. Des producteurs se sentent coincés puisqu’il est interdit de procéder à des travaux de stabilisation et d’enrochement dans des zones à risque de glissement de terrain, à moins d’avoir un avis géotechnique.
En collaboration avec d’autres fédérations régionales, son organisation a créé le projet PAD coulées. Il s’agit d’un plan d’agriculture durable (PAD) pour les coulées agricoles qui inclut des projets de mise en valeur de la biodiversité, mais aussi de gestion de l’érosion et de la rentabilité. « Quand on explique les solutions, les producteurs sont très intéressés », assure M. Bourassa.
Le PAD coulées a réuni plusieurs experts afin d’établir les meilleures pratiques selon les besoins des producteurs. Des discussions avec les ministères concernés visent aussi à assouplir la procédure actuelle dans les zones à risque de mouvement de terrain. Des solutions pour ralentir le débit sont également proposées aux producteurs, comme celles d’aménager des amoncellements de bois à différents endroits (voir autre texte en page 10). « Les producteurs n’ont rien eu à payer. C’était à coût nul », spécifie M. Bourassa, précisant que beaucoup de cours d’eau se ravinent dans la MRC de Nicolet-Yamaska.
370 producteurs rencontrés
Le PAD coulées prend sa source d’un projet beaucoup plus large et collectif, nommé Ferme progrès, lequel incite les producteurs du Centre-du-Québec à intégrer des pratiques agroenvironnementales. Le budget total de près de 2 M$ provient du Fonds régions et ruralité et aussi de la contribution des cinq MRC du Centre-du-Québec.
L’objectif était de relever les lacunes, d’identifier les secteurs prioritaires, d’effectuer la caractérisation de certains cours d’eau et de rencontrer les agriculteurs pour qu’ils posent des actions. « Embarquer les producteurs était un défi, alors la région s’est dit que l’UPA était la meilleure façon de communiquer avec eux. Nous avons embauché cinq agents en agroenvironnement pour Ferme progrès. On a travaillé avec les gestionnaires de bassins versants pour ne pas se piler sur les pieds. Nous avons rencontré 370 producteurs et distribué près de 300 livrets d’accompagnement », énumère M. Bourassa.
Il estime à 200 le nombre de producteurs qui ont réalisé des actions depuis 2020. Différentes solutions ont été testées et proposées aux producteurs, comme le changement de pratiques culturales, l’aménagement de bandes riveraines, la conservation des sols, l’installation de nichoirs, etc.
Ferme progrès arrive à échéance en mars. Il devrait être reconduit pour deux ans.