Serres 1 novembre 2024

Une passion pour les fruits exotiques bio en serre

Loin des terres ensoleillées de la Méditerranée, Mattéo Picone, enseignant de formation et passionné d’agriculture, a entrepris un projet audacieux : cultiver des agrumes en plein cœur du Québec. Dans ses serres, à quelques kilomètres de Montréal, poussent des citronniers, des orangers, des pamplemoussiers et même des grenadiers.

L’aventure agricole a commencé en 2017 par la production maraîchère. En 2021, Mattéo Picone s’est lancé dans la culture de fruits exotiques, tout en poursuivant sa carrière de conseiller pédagogique au sein du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, situé à Montréal. Il cultive une vaste gamme de fruits, allant des bleuets aux cerises, en passant par les abricots, les pêches, les pommes, les poires, ainsi que des agrumes tels que les citrons, les oranges et les mandarines. « J’aime avoir de la diversité et tester des variétés », affirme avec enthousiasme le propriétaire du Jardin Bio Mattéo, à Saint-Cuthbert, dans Lanaudière.

À l’état expérimental

Pour l’instant, Mattéo Picone se concentre sur la croissance de ses arbres et prévoit des récoltes plus significatives d’ici deux ans.

À ce stade, la production d’agrumes est encore expérimentale. Je veux d’abord que les arbres prennent du tonus.

Mattéo Picone, enseignant

Son objectif est de proposer des fruits exotiques dans ses paniers de légumes bio, une innovation qui le distinguera des autres producteurs locaux.

L’agriculture est plus qu’une passion pour lui : c’est une affaire familiale. Ses quatre enfants, âgés de 15 à 24 ans, participent à l’entretien de la ferme. « J’ai exploité mes enfants dès leur plus jeune âge », plaisante-t-il. Ensemble, ils se sont lancés dans une aventure agricole unique, défiant les conditions climatiques du Québec pour offrir des fruits exotiques biologiques.

Passionné d’agriculture, Mattéo Picone relève le défi de faire pousser des agrumes en serre.

Minimiser l’impact environnemental

Cette démarche inclut également la volonté de minimiser leur empreinte écologique. Bien que le chauffage des serres en hiver s’avère nécessaire, Mattéo souligne que la culture de fruits comme les pêches, abricots et cerises nécessite moins d’énergie que celle des tomates, par exemple. « Je maintiens une température de 5 °C dans ma serre, ce qui réduit les besoins énergétiques », précise-t-il. Cette démarche correspond à la politique québécoise d’autonomie alimentaire, qui vise à favoriser les produits locaux. « L’objectif est d’abord de proposer des fruits bio qui diminuent la dépendance aux importations », ajoute-t-il.

Comme la production d’agrumes est peu répandue au Québec, M. Picone a dû se former en ligne, grâce à des ressources provenant de Californie, de France et d’Afrique du Sud. Il continue à parfaire ses connaissances sur la fertilisation, l’irrigation, ainsi que la lutte aux ravageurs. « La cochenille est la pire ennemie des agrumes. Mais pour l’éliminer, il faut d’abord s’attaquer aux fourmis qui l’entretiennent », explique-t-il. En serriste averti, il développe des méthodes écologiques pour lutter contre ces ravageurs en serre, un défi majeur qu’il trouve fascinant. « Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est de maîtriser tous les aspects techniques », répète-t-il.

Bien que les résultats ne soient pas encore remarquables, Mattéo Picone reste optimiste. « Les résultats sont encourageants, non pas en termes de production, mais en ce qui a trait à l’apprentissage de compétences », conclut-il.